par Florian Ielpo, Responsable de recherche macroéconomique chez Lombard Odier Investment Managers
- La BCE a baissé ses taux de 25 points de base, ramenant son principal taux de refinancement de 4,50 % à 4,25 %. C’est la première fois que la BCE baisse ses taux avant la Fed depuis la création de la BCE.
- Les projections du board en matière de croissance et d’inflation ont été sensiblement revues à la hausse pour 2024 et 2025 : les prévisions de croissance pour 2024 ont été relevées de 0,6 % à 0,9 %, bien que les perspectives à plus long terme pour 2025 aient été légèrement réduites de 1,5 % à 1,4 %. Les prévisions d’inflation ont fait l’objet des révisions les plus importantes, les attentes pour 2024 passant de 2,3 % à 2,5 % et pour 2025 de 2 % à 2,2 %. Malgré la baisse du taux, la BCE ne prévoit pas que l’inflation s’aligne sur son objectif au cours des deux prochaines années, ce qui indique un tournant hawkish dans ses prévisions.
- La décision de la BCE de baisser les taux n’a pas été assortie d’un engagement ferme quant à l’évolution future de sa politique, adoptant une approche « data-dépendante » qui repose sur trois piliers distincts, répétés par Mme Lagarde : les perspectives d’inflation, l’inflation sous-jacente et la transmission de la politique monétaire à l’économie. La présidente Lagarde a mis l’accent sur une approche pragmatique, déclarant : « Les marchés font ce que les marchés font, et nous faisons ce que nous devons faire », soulignant l’accent mis par la BCE sur les actions nécessaires plutôt que sur les réactions du marché. Les données relatives à la rémunération des salariés pour le premier trimestre, qui seront publiées demain, ont été considérées comme des données clés.
- Les réactions des marchés aux annonces de la BCE ont été modérées du côté des actions, la plupart des informations étant conformes aux attentes ; toutefois, les taux Schatz ont augmenté de 6 points de base au cours de la session de questions-réponses, reflétant le caractère légèrement plus hawkish de la réunion.
- Le ton général n’est pas hostile vis-à-vis des marchés et, à l’instar de la position récente de la Fed il y a quelques mois, la BCE évalue si la tendance actuelle à la désinflation est simplement plus chaotique ou réellement déréglée, avec des conclusions plus claires attendues d’ici la fin de l’été. Ils sont « dépendants des données à tout moment », écartant la nécessité de bouger uniquement lors des réunions trimestrielles de mise à jour des projections.