par Sébastien Galy, Stratégiste Macro Senior chez Nordea Asset Management
L’économie chinoise devrait rebondir au cours du second semestre 2020, soutenue par une série de mesures prises par le gouvernement chinois, comme l’accord commercial avec les Etats-Unis ou encore le désendettement des sociétés non financières. Au cours du premier semestre, les chocs importants à l’œuvre ces derniers mois vont continuer de s'estomper. Cet éventuel rebond de l'activité devrait profiter à l'Asie Pacifique, à l'Amérique latine, à l'Allemagne ainsi qu’aux valeurs de croissance américaines. L'augmentation des réserves de change devrait exercer une pression à la hausse sur l'EUR/USD d'ici la fin de l'année.
Un ralentissement structurel
La Chine connaît un ralentissement structurel en raison de la transition de son économie vers un stade avancé. Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs : le vieillissement de la population, la concurrence avec les économies avancées dans le secteur des technologies, la rareté des réserves de matières premières, l'accumulation d'un inventaire facile d'infrastructures et de biens immobiliers ou encore un environnement favorisant les gagnants nationaux.
En résumé :
- Lorsqu'une économie passe d’un secteur agricole prédominant à la fabrication puis aux services, la chaîne de valeur ajoutée, à savoir le capital physique, financier et intellectuel, augmente et avec elle le nombre d'êtres humains impliqués. Ce processus est de moins en moins efficace, ce qui provoque un ralentissement de l’économie ;
- La population chinoise est vieillissante, phénomène s’expliquant par la politique de l’enfant unique mise en place dans ce pays ;
- De plus, l'un des principaux enjeux de la Chine dans sa progression dans la chaîne de valeur ajoutée est qu'il lui faut davantage de capitaux, tant humains que financiers, pour réaliser la même percée technologique que dans les économies avancées ;
- L’absence majeure de matières premières, comme le pétrole, n’aide pas la croissance et les budgets ;
- Au fur et à mesure que la Chine développait ses villes de premier rang et son infrastructure, les gains dans les villes de deuxième ou troisième rang déclinent ;
- Enfin, au travers de politiques directes, la Chine favorise surtout des champions et industries nationales.
Deux facteurs cycliques majeurs pour la croissance : le conflit commercial avec les Etats-Unis et le coronavirus
L’économie chinoise a été impactée par deux chocs majeurs : la guerre commerciale avec les Etats-Unis d’une part, et la diffusion du coronavirus entrainant la fermeture complète de trois villes.
La diffusion du coronavirus pourrait affecter très défavorablement la croissance (entre 1 et 1,5%). Néanmoins, fort heureusement, une série de chocs positifs pourrait impacter favorablement l’économie dans les mois à venir et donc limiter l’effet négatif du coronavirus sur la croissance :
- Les effets de l'assouplissement monétaire passé, en particulier le puissant ratio des réserves obligatoires, devraient être visibles d’ici 12 à 24 mois ;
- L'inflation devrait commencer à diminuer à mesure que la crise sanitaire du porc s'estompe ;
- La première phase de l'accord commercial entre les États-Unis et la Chine est assez négative du point de vue chinois et aura probablement une durée de vie limitée, mais elle pourrait cependant devenir positive en termes de réduction des droits de douane et de diminution du degré d'incertitude économique ;
- Le gouvernement chinois a déclaré qu'il améliorerait l'efficacité de sa politique fiscale ;
- Enfin, l'effort de désendettement du secteur non financier ne doit pas être sous-estimé. Au fur et à mesure que les deux chocs économiques s'estompent, les bilans des établissements financiers s’amélioreront.
Conclusion : Une reprise au second semestre 2020
Toutes ces décisions, majoritairement d’ordre politique, conduiront certainement à un rebondissement de l’économie au second semestre 2020. La question est néanmoins désormais de savoir dans quels secteurs d’activité le virus de Wuhan (coronavirus) et les chocs de la guerre commerciale auront l'impact le plus extrême.
Note : Est présentée ici une vision macroéconomique de Nordea Asset Management et non pas la vision du Groupe Nordea.