par Thuy Van Pham, Economiste Marchés émergents chez Groupama AM
En Chine, la dynamique de l’activité est restée relativement stable en juillet. La production industrielle a progressé de 6 % sur un an, un peu en dessous du rythme de 6,2 % observé en juin. Les statistiques des principaux secteurs de l’industrie ont même montré un tableau plus positif. La production de ciment poursuit sa reprise au même rythme que celui observé depuis mars, tandis que la production d’acier, d’électricité et d’automobiles ont accéléré. Parallèlement, les statistiques de l’activité des services, de consommation des ménages (ventes au détail et immatriculations de véhicules) et du marché immobilier suggèrent qu’il n’y a pas de matière à s’inquiéter.
Néanmoins, trois points méritent d’être soulignés :
- L’économie chinoise continue de pâtir du manque de dynamisme de la demande mondiale : les exportations de marchandises en dollars se sont orientées à la baisse après trois mois consécutifs de hausse ;
- La reprise de la demande chinoise à l’importation, notamment en produits de base, s’est interrompue : les importations de pétrole brut ont nettement reculé par rapport juin ;
- Surtout, la décélération de l’investissement se poursuit et s’accentue en juillet : cet affaiblissement provient principalement de la décélération des dépenses d’investissement des entreprises du secteur public après des mois d’accélération grâce aux mesures de soutien des autorités. L’impact des mesures de soutien à l’investissement public commence à s’estomper. De son côté, l’investissement privé s’est contracté pour le deuxième mois consécutif. Les entrepreneurs du secteur privé restent prudents en matière d’investissement malgré leur profitabilité confortable. L’investissement immobilier perd encore de son élan. Il est trop tôt pour dire si le retournement s’est opéré dans la mesure où les ventes de logements continuent de progresser à un rythme soutenu.
Au total, il est trop tôt pour chiffrer l’impact de la forte décélération des dépenses d’investissement des entreprises sur la croissance. Une nouvelle baisse des taux directeurs et de nouvelles mesures de relance budgétaire sont envisageables d’ici la fin d’année. Ces mesures permettraient de freiner le mouvement de ralentissement actuel de l’investissement sans pour autant l’accélérer d’une manière significative compte tenu d’une efficacité de plus en plus remise en question des politiques économiques. Notre scénario reste inchangé : le rythme de croissance du PIB a atteint son pic au T2 (+7,1 % sur un trimestre annualisé) et va se modérer graduellement à partir du T3 (+6,6 % au T3 puis +6,1 % au T4).