Depuis le début de l’année, l’indice composite de la Bourse de Shanghai affiche une progression de l’ordre de 60%.
Depuis le début de l’année, l’indice composite de la Bourse de Shanghai affiche une progression de l’ordre de 60%. Un record qui laisse loin derrière les indices occidentaux : +12% pour le CAC 40 en France, +13% pour le DAX en Allemagne, +9% pour le FTSE au Royaume-Uni, +8% pour le Dow Jones et +28% pour le Nasdaq Composite aux Etats-Unis. Une évolution qui semble logique alors que l’économie chinoise semble avoir repris le chemin d’une croissance vigoureuse.
Bien entendu, on peut s’interroger sur les caractéristiques des marchés boursiers chinois, qui ne sont pas vraiment ouverts et qui accueillent des entreprises cotées qui sont souvent contrôlées directement ou indirectement par les pouvoirs publics. Sans négliger la faible règlementation de l’information due aux épargnants. En outre, comme les places occidentales, la Bourse de Shanghai devrait connaître une correction que de nombreux stratégistes promettent pour les prochaines semaines.
Sauf que la correction a déjà commencé en Chine alors que les indices occidentaux viennent seulement de toucher leur plus haut niveau de l’année. Qu’on en juge, alors qu’il avait terminé l’année 2008 à 1.832 points, l’indice composite de la Bourse de Shanghai a atteint 2.389 points le 16 février avant de retomber à 2.071 points puis de reprendre son ascension jusqu’à 3.471 le 4 août. Depuis, il a nettement reflué pour se traiter autour de 2.960 points. Ce qui ramène son gain annuel autour de 60%.
Comme le soulignent des experts sur les marchés, c’est une correction bienvenue. Mais cette correction n’est pas le fait des seuls investisseurs. Elle a été déclenchée par des actions des autorités chinoises. Début août, celles-ci ont en effet annoncé une restriction de l’octroi de nouveaux crédits (dont le montant est tombé à 500 milliards de yuans en juillet contre 1.530 milliards en juin). Objectif ? Freiner l’achat d’actions. Concrètement, on a plus de difficultés à emprunter pour miser en bourse. Ensuite, la Chine a durci les règles d’investissement immobilier, obligeant ceux qui souhaitent acquérir un deuxième bien à apporter 40% du montant nécessaire en cash. Le but est là aussi d’empêcher un emballement de ce secteur.
Ces mesures montrent que les autorités publiques disposent d’outils pour essayer d’empêcher la formation des bulles financières spéculatives. En Occident, les banques centrales expliquent depuis des décennies qu’elles n’ont aucun moyen d’intervenir sur la valorisation des actifs boursiers et immobiliers et qu’elles ne peuvent donc pas prévenir de la formation d’une bulle. Alan Greenspan, qui a présidé la Réserve fédérale américaine jusqu’en janvier 2006, expliquait même que tenter d’empêcher les bulles spéculatives aurait des effets négatifs. Son successeur, Ben Bernanke, a longtemps eu la même position mais il semble, depuis l’an dernier, favorable à des actions préventives. Il faut dire que l’éclatement de la bulle immobilière américaine suite à la dépréciation des désormais fameux “subprime loans” a projeté l’ensemble de la planète dans la pire crise économique depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Dans ces conditions, un aggiornamento s’impose.
Les Américains peuvent, à bon droit, faire remarquer que l’effondrement des marchés financiers a calmé les investisseurs, particuliers ou institutionnels. Le propriétaire d’un bien immobilier aurait en effet beaucoup de mal aujourd’hui à s’appuyer sur la valorisation de son bien pour obtenir un crédit bancaire qu’il placerait en bourse. Mais, c’est une situation passagère. Dès que la crise sera terminée, les bonnes vieilles habitudes risquent de revenir. Les tenants de l’orthodoxie libérale feront remarquer qu’il revient au seul marché de valoriser les actifs.
Les dirigeants politiques et économiques occidentaux seraient bien inspirés d’étudier ce qui vient de se passer en Chine. En réduisant et en durcissant l’octroi de crédits, on peut provoquer une correction boursière. Les banques centrales peuvent aussi relever fortement les taux d’intérêts. Reste la question de la valorisation ? A partir de quand un actif, boursier ou immobilier, est-il surévalué ? Les banquiers centraux disposent d’outils pour le déterminer. On pourrait revenir à l’étude des moyennes historiques et à l’actualisation des flux de trésorerie futurs. Evidemment, cela serait arbitraire mais le fonctionnement des marchés financiers aujourd’hui est aussi arbitraire puisque la valorisation d’une action tient compte du prix de revente finale qui prend en compte des éléments qui sont loin d’être tous objectifs.