Concours de la monnaie la plus faible

Il fut un temps, pas si lointain, où les banquiers centraux ne rataient jamais une occasion de dire qu’ils étaient favorables à ce que leur monnaie soit « forte

Il fut un temps, pas si lointain, où les banquiers centraux ne rataient jamais une occasion de dire qu’ils étaient favorables à ce que leur monnaie soit « forte ». Il s’agissait alors de convaincre les investisseurs internationaux qu’ils pouvaient avoir confiance et qu’ils pouvaient acheter des titres financiers (essentiellement des obligations d’Etat) sans hésiter. Ce n’est plus le cas. Les grandes puissances économiques de la planète cherchent avant désormais à avoir la monnaie la plus faible.

L’exemple le plus frappant est la Chine, qui après avoir accepté une appréciation modérée du yuan depuis son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en 2001, a brutalement stoppé le mouvement peu après l’éclatement de la crise économique en 2008.

En dépit des critiques des partenaires occidentaux et en dépit d’une situation financière extrêmement favorable (plus de 2.500 milliards de dollars de réserves de change), le régime communiste de Beijing maintient l’alignement de sa monnaie sur le dollar américain même si une légère appréciation a lieu depuis quelques semaines. Cette décision s’explique parce que l’économie chinoise dépend essentiellement des exportations.

Dans un contexte de crise où il faut aller chercher des marchés ailleurs, chacun cherche à répliquer ce modèle, y compris les pays occidentaux qui sont confrontés à une activité atone dans leurs frontières.

Les Etats-Unis veulent donc que le dollar demeure relativement faible. Et c’est le cas face à l’euro puisque la monnaie européenne vient de bondir au-dessus de 1,34 dollar suite à des craintes exprimées par la Réserve fédérale alors qu’il se traitait ces derniers mois autour de 1,28. Une situation surprenante alors que le rythme de croissance devrait plus soutenu aux Etats-Unis au cours des prochains trimestres. Parallèlement, le Japon est intervenu de manière énergique sur les marchés pour freiner la hausse du yen afin de ne pas pénaliser les exportations. Selon les autorités locales, tout toit être fait pour éviter une déflation. Face à ces mouvements, la zone euro semble bien désarmée. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, s’est battu pour que les gouvernements européens n’interfèrent pas dans la gestion des taux de change. Mais est-il possible de laisser l’euro s’apprécier alors la croissance reste fragile ? Car, faute d’une consommation interne solide, les pays européens doivent compter sur les exportations et les efforts de compétitivité ne servent pas à grand chose si la monnaie ne cesse de grimper.