Les places boursières occidentales ont été gagnées par l’euphorie en début de semaine. La raison ?
Les places boursières occidentales ont été gagnées par l’euphorie en début de semaine. La raison ? Le géant bancaire américain Citigroup, qui a perdu 18,8 milliards de dollars (plus de 14 milliards d’euros en 2008) et qui a dû accepté une aide publique de 45 milliards et l’entrée de l’Etat au capital à hauteur de 36%, a indiqué qu’il était bénéficiaire sur les deux premiers mois de l’année.
Le cours a progressé de 38% en une séance, tirant à la hausse les autres valeurs financières et, partant, les indices boursiers. Il faut savoir raison garder. Citigroup est tombé la semaine dernière sous la barre du dollar, à 97 cents, alors qu’il se traitait au plus haut ces 12 derniers mois au-dessus de 27 dollars et qu’il se négociait à 60 dollars il y a deux ans.
Le rebond est donc modeste par rapport la chute mais la vraie question est de savoir si est durable. Personne ne peut apporter une réponse positive à ce stade. Les autorités américaines ont conscience que le bilan des banques n’a pas encore été nettoyé de tous les actifs financiers toxiques. Selon les estimations, après les quelque 800 milliards de dollars de recapitalisation de ces derniers mois, il faudrait au minimum 1.000 à 1.200 milliards de dollars de plus pour renforcer les fonds propres des groupes bancaires afin qu’ils puissent déprécier leurs actifs toxiques. L’administration réfléchit à la création d’une structure permettant aux banques de se débarrasser ce de fardeau. D’où l’idée d’une “Bad Bank”. Mais la solution d’une nationalisation pure et simple du crédit n’est pas écartée si la crise continue. A ce problème de bilan s’ajoutent les difficultés opérationnelles dans un environnement particulièrement difficile. Toutes les grandes puissances sont confrontées à une récession. Il s’agit même de la plus grave crise économique depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Dans ce contexte, la demande de services bancaires, que ce soit pour les crédits, pour les émissions d’actions ou d’obligations ou pour les opérations de rachat, est orientée à la baisse.
Ce mouvement ne va pas s’arrêter de sitôt. Si les sociétés financières ont déjà subi en 2008 les conséquences de la crise, ce n’est pas encore le cas des entreprises industrielles et de services. Ces dernières ont eu de bons résultats sur les trois premiers trimestres de 2008 et cela leur a permis de sauver leurs résultats annuels. C’est en 2009 qu’elles subiront vraiment les effets de la crise. Depuis le début de l’année, on a observé une multiplication des révisions à la baisse des prévisions de résultats pour l’exercice et les suppressions d’emplois se multiplient dans l’automobile, l’aéronautique, la construction, l’immobilier. Tous les secteurs, à l’exception de quelques uns comme les télécoms, sont concernés. Cela aura évidemment des conséquences sur les groupes bancaires. Car, en dehors de leurs activités traditionnelles, ceux-ci sont aussi de gros investisseurs en actions et la baisse de la valeur des entreprises industrielles et de services va forcément peser sur leur portefeuille et risque de les contraindre à de nouvelles dépréciations. L’euphorie qui s’est emparé des investisseurs est donc pour le moins prématurée.