Faut-il avoir peur des actions ?

La question pourrait paraître saugrenue alors que les marchés boursiers occidentaux ont connu ces derniers jours un “rally” assez impressionnant qui leur a permis de retrou

La question pourrait paraître saugrenue alors que les marchés boursiers occidentaux ont connu ces derniers jours un “rally” assez impressionnant qui leur a permis de retrouver les niveaux les plus hauts depuis un mois. Pour autant, les indices, qui avaient chuté l’an dernier, demeurent en recul de 10% à 15% depuis le début de l’année. En outre, les volumes n’ont pas retrouvé leurs niveaux de 2008. Car les investisseurs demeurent prudents face aux marchés d’actions. Les valeurs bancaires suscitent toujours des inquiétudes en raison des incertitudes sur l’ampleur de l’exposition des établissements aux produits financiers “toxiques”. Enfin, les groupes industriels et de services commencent à subir l’impact de la crise économique et nombreux sont ceux qui ont réduit leurs prévisions de résultats sur l’exercice 2009. Qui dit profits en baisse, dit cours de bourse ajusté à la baisse. Comme la situation est aussi difficile dans les pays émergents, il n’est pas question de diversification géographique. Mais les investisseurs ont encore beaucoup d’argent à placer même si les retraits se chiffrent en dizaines de milliards de dollars depuis l’an dernier.

Il ne peut être question pour les professionnels de laisser cet argent “dormir” sur un compte de dépôts. Les plus offensifs jouent la volatilité. Les marchés boursiers évoluent violemment dans un sens comme dans l’autre en raison de la peur engendrée par l’incertitude. L’indice de la volatilité aux Etats-Unis (VIX) était monté en flèche depuis la faillite de Lehman Brothers, à la mi-septembre. Il est redescendu depuis mais demeure au-dessus de 40 alors qu’il est considéré comme élevé à partir de 20. Des spécialistes ont mis au point des produits financiers permettant de profiter de la volatilité mais ces produits sont relativement complexes à appréhender.

Pour jouer les marchés boursiers, il y a aussi les obligations convertibles. Ce segment a été malmené en 2008 car les banques ont réduit leur exposition du fait du renchérissement du coût de financement et de nécessité de ramener l’effet de levier à des niveaux plus raisonnables. Les Hedge Funds sont sortis pour faire face à leurs problèmes de liquidités. Les émissions par les entreprises se sont fortement réduites. Mais ce produit continue à séduire car il offre une rémunération fixe tout en permettant de profiter à une envolée du cours de bourse. C’est une créance que l’investisseur a sur une entreprise et il peut prétendre récupérer son argent, sauf évidemment en cas de faillite, comme le fut le cas avec le groupe italien Parmalat il y a quelques années. Pas étonnant que ce produit séduise. Le marché européen représente entre 30 et 60 milliards d’euros, selon les estimations.

Selon Jean-Edouard Reymond, directeur général d’UBI (Groupe Union Bancaire Privée), “le rendement se situe entre 8% et 10% en moyenne actuellement alors qu’un emprunt d’Etat offre 3%”. Pour provoquer une baisse du rendement, il faudrait, selon lui, une envolée du taux de défaut des entreprises européennes. Ce qui n’est pas anticipé par les experts en ce moment malgré la crise économique. UBI a créé un fonds (UBAM Convertibles Euro 10/40) le 23 septembre dernier qui affiche une progression de 6,39% depuis sa création alors que sur la même période l’indice DJ Euro Stoxx 50 accuse une baisse de 37%. Jean-Edouard Reymond estime qu’après les turbulences qui ont suivi la faillite de Lehman Brothers le marché des obligations convertibles est en phase de normalisation. Ce processus pourrait s’achever à la mi-2009, ce permettrait aux entreprises de procéder à de nouvelles émissions.

Comme on le voit, les investisseurs cherchent toujours des alternatives aux placements en actions. La méfiance demeure en dépit du rebond des derniers jours. Faut-il avoir peur des actions ? Ceux qui ne redoutent pas la volatilité peuvent se lancer sans trop de crainte. Pour les autres, il vaut peut-être mieux trouver des solutions alternatives en attendant une vraie reprise économique, attendue désormais pour 2010 par les plus optimistes des dirigeants politiques et de banques centrales.