L’année boursière est-elle déjà finie ?

La bourrasque qui s’est abattue sur les marchés boursiers en août, en raison des craintes sur les perspectives économiques de la Chine, a-t-elle signé la fin de l’année boursière ? C’est la crainte des investisseurs d’autant que les inquiétudes concernant la deuxième économie de la planète ne sont pas levées.
 
A la clôture du 7 août, si le Dow Jones (-2,5%), le Nasdaq (6,5%) et le S&P 500 (0,9%) aux Etats-Unis marquaient une pause logique après deux années de forte hausse, le DJ Stoxx européen gagnait plus de 15% porté par les anticipations de progression des bénéfices, le CAC 40 plus de 20%, le Dax allemand 17% et le MIB italien 24%. Un mois plus tard, à la clôture du 11 septembre, le Dow Jones accusait une baisse de 7,8% et le S&P 500 de 4,8% tandis que le gain du Nasdaq était réduit à 1,8%. Le DJ Stoxx n’avançait plus que de 1,3%, le CAC 40 de 6,5%, le Dax de 3,2% et le MIB de 14,5%. 
 
Comme le résume Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet, « en juin, les marchés boursiers avaient des performances à deux chiffres. On pouvait se dire que l’année était faite. En septembre, les marchés sont négatifs, sauf en Europe, et à quatre mois de la fin de l’année, il n’y a pas beaucoup de coussins. »
 
La raison ? L’indice chinois Shanghai Composite, qui avait atteint un record à 5,166 points en juin, était tombé à 3,744 points le 7 août puis à 3,200 points le 11 septembre. Les mesures des autorités chinoises pour calmer la spéculation puis la décision de la Banque centrale de dévaluer le yuan à trois reprises en trois jours ont provoqué une inquiétude sur la santé d’une économie cruciale pour la croissance mondiale.
 
Pour Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée chez CPR AM, « Les marchés actions restent à la merci du scénario chinois. Un ralentissement plus prononcé de la Chine entraînerait une nouvelle fois une baisse marquée des indices actions. »
 
La question est de savoir ce qui se passe réellement en Chine. La dévaluation du yuan est-elle vraiment liée à une dégradation de la situation économique ? La Banque centrale chinoise a justifié sa décision par sa volonté de transformer le yuan en monnaie de réserve afin d’être admise dans le panier de devises retenues pour les droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI).
 
Le panier actuel des DTS est composé à 48,2% de dollars, à 32,7% d’euros, à 11,8% de livres sterling et à 7,3% de yen. Le FMI étudie l’introduction du yuan, une décision étant attendue d’ici fin 2015 pour une mise en œuvre au 1er octobre 2016.
 
Certains économistes estiment que si la Banque centrale avait voulu agir vraiment sur la compétitivité elle aurait dévalué la monnaie plus fortement, une dévaluation de 3% n’ayant pas d’impact dans ce genre de situation. D’autres pensent que c’est une première étape destinée à jauger avant d’agir de manière plus déterminée prochainement.
 
Ce qui est certain, c’est que le ralentissement ne fait guère de doute puisque les matières premières, dont ce pays est le premier consommateur, subissent une moindre demande depuis plusieurs mois et que le taux de croissance a été ajusté à la baisse par le gouvernement début septembre à 7,3% contre 7,4% auparavant. Ce qui semble optimiste alors que le rythme était plutôt de 7% sur la première partie de l’année.
 
Les derniers indicateurs ne sont guère encourageants. La production industrielle a progressé de 6,1% en août contre 6% en juillet mais le chiffre est ressorti en dessous des attentes du marché (6,5%). Les ventes au détail ont enregistré une hausse de 10,8% contre 10,5% le mois précédent et un consensus à 10,6%. Toutefois, selon les économistes de BBVA, si on retire l’effet prix, l’évolution est stable.
 
Les incertitudes sont donc loin d’être levées et le vent d’est pourrait de nouveau souffler sur les marchés boursiers occidentaux dans les prochains mois.