Nombreux sont ceux, parmi les chefs d’Etat et de gouvernement, qui se réjouissaient ces derniers mois de l’affaiblissement des Etats-Unis.
Nombreux sont ceux, parmi les chefs d’Etat et de gouvernement, qui se réjouissaient ces derniers mois de l’affaiblissement des Etats-Unis. Pour ceux-là, cela offrait de nouvelles perspectives au multilatéralisme et consolidait le G20, cette instance qui réunit les nations les plus industrialisées et les principaux pays émergents.
Ils expliquaient que la tentation américaine de vouloir régenter le monde avec la Chine dans le cadre d’un G2 ne pouvait qu’échouer.
Que constate-t-on à l’occasion du G20 de Séoul ? Ce sommet se résume à une réunion au sommet entre les Etats-Unis et la Chine.
Depuis quelques mois, les débats économiques internationaux opposent uniquement ces deux pays, la première puissance économique de la planète et la deuxième, le premier débiteur et le premier créancier. Les autres pays sont marginalisés.
Rien ne l’illustre mieux que ce que certains nomment « la guerre des monnaies ». Les Etats-Unis réclament depuis plusieurs mois une réévaluation du yuan chinois, qui est notoirement sous-évalué et qui permet à la Chine de doper ses exportations.
Le déficit commercial américain atteint 379 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l’année contre 270 milliards pour la même période de 2009. Sur le seul mois de septembre, le déficit a atteint 44 milliards, dont 27,8 milliards avec la Chine.
Confronté à un chômage de masse (de l’ordre de 10% de la population active) jamais vu depuis plusieurs décennies, les Etats-Unis cherchent à tout prix à résoudre les déséquilibres globaux afin de permettre une relance de leur activité économique.
Ce qui ne les empêche pas d’agir comme le montre le nouveau programme d’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale (Quantitative Easing 2, QE2). Cette mesure, qui consiste à injecter des liquidités dans l’économie, fait baisser le dollar contre les autres grandes monnaies internationales.
D’où les réactions vives. La Chine multiplie les critiques contre le QE2, jugeant qu’il risque de conduire à des dévaluations dans d’autres pays, de favoriser le protectionnisme et de déclencher une guerre mondiale dans laquelle tout le monde serait perdant.
Plus anecdotique, la nouvelle agence de notation chinoise, Dagon Credit Rating Agency, a dégradé la note des Etats-Unis (de AA+ à A+) en évoquant le QE2 et le risque de récession à long terme.
Contrairement à l’Europe, qui est divisée et qui n’a pas de stratégie monétaire, la Chine, premier exportateur mondial et plus gros détenteur de réserves de change (2.500 milliards de dollars environ) peut s’opposer aux Etats-Unis.
Tout semble indiquer que les deux pays sont entrés dans une « collision course », pour reprendre la formule américaine. Mais comme les enjeux sont considérables, leurs dirigeants finiront par se mettre autour d’une table pour trouver des solutions.
Le monde est désormais dirigé de fait par le G2. Les autres dirigeants qui participent au G20 ne font que de la figuration.