L’ère du pétrole cher

La hausse des cours du pétrole ces dernières semaines semble avoir pris de court dirigeants politiques et médias.

La hausse des cours du pétrole ces dernières semaines semble avoir pris de court dirigeants politiques et médias. Tout le monde semble s’étonner de cette envolée. Il faut dire qu’après avoir atteint un pic à 147 dollars en juillet 2008 le cours du brut, qui était tombé en dessous de 40 dollars à la fin de l’année dernière qui semblait bloqué par un plafond à 50 dollars jusqu’en mars, a brutalement repris sa progression et a dépassé 68 dollars lundi 1er juin. L’Arabie saoudite, premier producteur mondial, estime que le juste prix se situe désormais entre 75 et 80 dollars.

La récente hausse s’explique par des raisons techniques. La faiblesse du dollar (qui se traite autour de 1,42 pour un euro) profite aux matières premières. Surtout, les investisseurs reviennent en force sur ce segment de marché. Toujours frileux face vis-à-vis des actions tant l’incertitude demeure sur l’évolution des résultats des entreprises, ils privilégient les classes d’actifs qui pourraient profiter rapidement d’une reprise économique. Or, si l’activité repart, le pétrole en sera le premier bénéficiaire. Bien sûr, l’Agence internationale à l’énergie (AIE) prévoit une baisse de la demande de 3% cette année, la plus importante depuis 1981. Mais chacun sait que 2009 sera une année de récession mondiale. La reprise, si reprise il y a, ne se matérialisera pas avant 2010. Or, les marchés financiers servent avant tout à anticiper.

Les différents plans de relance, qui produiront leurs effets en 2010, font la part belle aux infrastructures et cela devrait nécessiter beaucoup de pétrole. C’est le carburant – dans tous les sens du termes – de l’économie globalisée. Les pays émergents en ont besoin plus que d’autres. Selon certaines estimations, leur demande de pétrole devrait augmenter de 60% d’ici 2020 alors que la croissance attendue pour l’ensemble de la planète est de l’ordre de 40%. Ajoutons à cela que les membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), désireux d’obtenir des devises pour rétablir leurs comptes publics mis à mal par la crise, semblent déterminés à ne pas augmenter leur production même si certains essaient de dépasser leur quota de production afin de tenter de récolter le maximum de recettes.

Peut-on dire pour autant que la hausse des cours du pétrole est durable ? Nul ne peut ne se risquer à un tel pronostic à court terme. Certains analystes jugent qu’un retour autour de 40 dollars le baril est probable dans les prochains mois. Ensuite, tout dépendra de la demande des pays émergents. Au-delà, chacun sait qu’en dépit de la chute des cours ces derniers mois nous sommes entrés depuis plusieurs années dans l’ère du pétrole cher. Pour une raison très simple : il va y avoir de moins en moins de pétrole et ce quelle soit la date du “Peak Oil”, ce point culminant de la production pétrolière que l’ont prédit entre 2015 et 2030.

Comme le dit le dirigeant d’une major, “même si on développe de nouveaux moyens techniques, on a tout de même creusé un peu partout dans le monde. Il va devenir de plus en plus difficile de trouver de nouveaux gisements”. Tout est dit. Toutes les conditions sont donc réunies pour que le prix du pétrole poursuive sa progression.