L’Espagne : un nouveau départ ?

L’Espagne est entrée dans l’histoire sportive en remportant, dimanche 11 juillet, la première coupe du monde de football de son histoire.

L’Espagne est entrée dans l’histoire sportive en remportant, dimanche 11 juillet, la première coupe du monde de football de son histoire. Ce trophée est le seul capable de créer l’euphorie dans un pays pendant plusieurs jours. Certains économistes pensent que cette victoire aura un impact (que certains évaluent à 0,5 point de Produit intérieur brut) sur l’économie nationale, qui en a bien besoin alors que la croissance patine et que le taux de chômage est proche de 20%.

Si l’Espagne a brillé sur les terrains de football en Afrique du Sud, elle recommence à marquer des points sur les marchés financiers. La dernière émission d’obligations à 10 ans a permis de lever 6 milliards d’euros. Mais la demande a atteint 14,5 milliards, ce qui signifie que les investisseurs ont demandé beaucoup plus que ce qui était proposé. Sur le montant alloué, les investisseurs asiatiques ont obtenu 14% alors qu’ils n’avaient eu que 5% lors d’une émission similaire en janvier, selon des informations publiées par le quotidien économique Financial Times.

Comment interpréter cet engouement ? Notons que les marchés financiers étaient orientés à la hausse ces derniers jours malgré une volatilité qui demeure élevée. Plus fondamentalement, Les spécialistes les plus optimistes pensent que la zone euro est en passe de résoudre ses difficultés financières et que c’est le moment de miser sur les pays membres, en particulier sur les pays dits périphériques (Espagne, Portugal, Grèce en particulier) qui offrent de bons rendements et que les grandes puissances comme l’Allemagne et la France ont promis de ne pas laisser tomber.

Ajoutons que l’optimisme des investisseurs est aussi lié au fait qu’ils disposent de liquidités abondantes qu’il faut bien placer pour pouvoir offrir un rendement convenable aux mandants.

Mais cet optimisme est-il justifié ? La situation dans la zone euro reste difficile. L’agence de notation Moody's a dégradé mardi la note de crédit du Portugal de “Aa2” à “A1” en raison des doutes sur la croissance et sur l’assainissement des finances publiques.

S’agissant de l’Espagne, l’économie a été dopée ces dernières années par l’euphorie dans le secteur de la construction. La crise a montré que ce château de cartes était extrêmement fragile. La dégradation des finances publiques a été extrêmement rapide, le déficit public dépassant désormais 11% du PIB alors qu’il était en dessous des 3% exigés par la zone euro en 2008 et la dette publique dépasse les 60% alors qu’elle était à seulement 36% en 2007.

Le pays peut-il se redresser ? Le gouvernement a annoncé un effort important de réduction des déficits. La question est de savoir si la croissance peut repartir. L’Espagne dispose d’une base industrielle, notamment dans l’automobile, particulièrement compétitive. Ses coûts salariaux lui permettent d’exporter sa production agricole en Europe. Si son secteur bancaire régional est en difficulté, les géants que sont Santander et BBVA s’en sortent plutôt bien grâce à leur internationalisation. Enfin, la saison touristique s’annonce positive.

Mais rien n’est gagné et c’est la raison pour laquelle les investisseurs demeurent prudents malgré la victoire en coupe du monde de football.