Où va la bourse ?

C’est une performance exceptionnelle : depuis son point bas du 9 mars dernier, le CAC 40, principal indice de la Bourse de Paris, affiche une progression de plus de 35%.

C’est une performance exceptionnelle : depuis son point bas du 9 mars dernier, le CAC 40, principal indice de la Bourse de Paris, affiche une progression de plus de 35%.

Ces derniers jours, les commentaires se sont multipliés sur le fait qu’il était à son plus haut niveau depuis le début de l’année. On pourrait se dire qu’il s’agit d’un rebond technique après la chute de 40% en 2008 et que le CAC 40 n’affiche qu’un gain de 4,6% depuis le 1er janvier, une hausse comparable à celle de la plupart des grands indices diversifiés (+3% pour le FTSE britannique, +8,7% pour le DAX allemand, +3% pour le Dow Jones Industrials américain).

La hausse de ces derniers mois peut tout de même inquiéter car les investisseurs donnent l’impression d’oublier que la crise économique qui frappe la planète depuis l’automne est loin d’être terminée. Nous sommes à ce jour en pleine récession dans de nombreux pays développés. Pour s’en convaincre, il suffit de suivre les annonces des entreprises : suppressions d’emplois, chômage technique, mesures d’économies. Cette litanie risque de durer encore même si certains indicateurs sont rassurants, qui montrent que la contraction de l’économie est moindre qu’en début d’année.

De nombreux économistes jugent que l’économie mondiale est au mieux convalescente. La bourse sert certes à anticiper les performances futures mais personne ne sait aujourd’hui combien de temps durera la crise économique et donc quand aura lieu la réponse. Par conséquent, personne ne peut prévoir l’évolution des résultats des entreprises cotées. C’est d’autant plus vrai que nombre d’entreprises publient depuis quelques jours des comptes montrant une nette dégradation de la rentabilité. Cette évolution était probablement déjà dans les cours depuis quelques mois, comme on dit sur les marchés financiers. Mais avons-nous vraiment tous les outils dans le contexte actuel pour anticiper une amélioration des résultats ?

Car, après tout, si on achète des actions en bourse c’est parce qu’on pense que le cours va monter. Et le cours ne peut monter que si les résultats et les dividendes progressent (on peut ajouter les aspects spéculatifs liés à des rachats). Or, les entreprises elles-mêmes se montrent extrêmement prudentes sur leurs perspectives.

Un autre élément suscite des interrogations sur le caractère pérenne de la hausse actuelle : les valeurs du CAC 40 qui ont enregistré le plus fortes hausses depuis le début de l’année sont celles des matières premières, des banques et de l’automobile. Ce sont les secteurs qui ont le plus souffert l’an dernier. Après avoir craint des faillites en chaîne, les investisseurs ont été soulagés par les mesures prises par les Etats pour soutenir les banques et l’automobile. Est-ce à dire que ces secteurs sont tirés d’affaire ? Notons que des inquiétudes demeurent sur le bilan des banques, les évaluations des actifs financiers toxiques donnant lieu à un débat. Notons aussi que les constructeurs automobiles bénéficient de subventions grâce aux primes à la casse qui ont mises en oeuvre dans plusieurs pays jusqu’à début 2010.

Pour résumer, les banques n’en ont pas fini avec le nettoyage de leurs bilans et le secteur automobile risque de replonger lors de l’arrêt des primes à la casse. Quant aux matières premières, leur orientation dépendra de la reprise.

C’est la raison pour laquelle de nombreux investisseurs expliquent qu’il faut privilégier les valeurs défensives, c’est-à-dire les secteurs comme la santé, l’agro-alimentaire, les services à l’environnement et les télécommunications. Mais les entreprises de ces secteurs demeurent à la traîne en bourse. Pourquoi ? Parce que les secteurs comme la banque, les matières premières ou l’automobile sont plus volatils et permettent des gains rapides pour qui sait jouer. Disposant de fonds abondants mais prudents, les investisseurs, en particulier les banques d’affaires, préfèrent jouer le très court terme en prenant leurs bénéfices dès qu’une valeur enregistre une hausse significative.

Cela signifie que la hausse actuelle des indices boursiers ne repose pas sur des éléments fondamentaux et qu’elle ne pourra donc pas durer.