Le président français Nicolas Sarkozy a profité du sommet entre l’Union européenne et l’Asie (ASEM) pour demander que la question d’« un nouvel o
Le président français Nicolas Sarkozy a profité du sommet entre l’Union européenne et l’Asie (ASEM) pour demander que la question d’« un nouvel ordre monétaire » soit à l’ordre du jour du prochain G20, qui réunit les principales puissances économiques de la planète. « Nous vivons dans un monde où les déséquilibres monétaires font peser un risque sur toutes nos économies », a-t-il souligné.
Mais quelle solution envisager ? Le retour à un système de changes fixes ? Le retour de l’étalon or ? La création d’une monnaie internationale ?
La question est en fait beaucoup plus simple : les dirigeants occidentaux s’inquiètent depuis plusieurs années de la sous-évaluation du yuan chinois, qui permet à la Chine de doper ses exportations et d’accumuler des réserves de change (environ 2.500 milliards de dollars actuellement).
Mais l’Occident est dans une situation ambivalente : elle dénonce le dumping monétaire de la Chine mais continue de transférer des usines et des technologies vers ce pays au motif qu’il ne faut pas rater les opportunités liées à une croissance économique solide.
Les pays occidentaux ne savent pas comment s’y prendre avec la Chine. Beijing l’a compris et adopte une position ferme. Dès l’ouverture des travaux de l’ASEM, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a insisté sur la nécessité de « maintenir les taux de change des principales monnaies de réserve relativement stables ». Il s’est même permis de dénoncer « les tendances protectionnistes qui se font jour en Europe avec une multiplication de mesures antidumping ».
C’est le monde à l’envers car les chefs d’entrepris d’Europe et des Etats-Unis savent combien il est difficile de s’implanter en Chine pour faire des affaires. Tant qu’il s’agit d’installer des usines pour ré-exporter, pas de problème. Le gouvernement chinois apprécie car cela crée des emplois. Mais si on veut distribuer des biens et des services en Chine même, les ennuis commencent : il faut souvent un partenaire local, il faut surmonter la bureaucratie, il faut accepter de verser des dessous-de-table.
Pour résoudre les déséquilibres monétaires, les pays occidentaux devraient commencer par exiger de la Chine un respect absolu des engagements pris lors de l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ils pourraient aussi mettre en œuvre une politique réciprocité : par exemple, si une entreprise occidentale ne peut pas investir dans un secteur donné en Chine, il ne saurait être question qu’une entreprise chinois puisse acheter une concurrente européenne ou américaine.
On peut parier que de telles mesures contraindraient la Chine à ouvrir davantage son système et à privilégier la demande interne, ce qui se traduirait par une appréciation du yuan face au dollar et à l’euro.
Pour le reste, le nouvel ordre monétaire mondial est en train de s’installer : l’Europe dispose d’une monnaie unique, le dollar américain a étendu son influence dans les Amériques et dans le Pacifique, la monnaie chinoise est utilisée depuis plusieurs années par les voisins immédiats de la Chine. Il faut juste que cette dernière adopte les règles du marché.