par Cyrille Geneslay, Gérant allocataire chez CPR AM
On dit souvent que la gestion est histoire de convictions. Mais lorsqu’un gérant d’actifs, constatant la dégradation continue des données macroéconomiques couplée à une instabilité politique grandissante, décide de réduire de manière (beaucoup trop) anticipée son exposition aux actifs risqués, il arrive que ce dernier, en plus de douter, ait la désagréable impression de subir ce qu’on appelle communément « le supplice de Tantale ».
Tantale, ce fils de Zeus, devenu criminel pour avoir servi son propre fils comme banquet pour les Dieux, fut condamné à un tourment éternel, ne pouvant ni boire l’eau de la rivière dans laquelle il patauge, ni manger les fruits du verger qui bordent cette rivière.
Cette année, alors que les flux de capitaux vers les actions sont en net retrait chaque mois, nous sommes nombreux à nous sentir tantales, par antonomase, anticipant une baisse de marchés qui montent obstinément. Et pourtant… qu’il s’agisse du commerce mondial, de la croissance, des enquêtes d’activité, du Brexit, de la guerre commerciale ou même du niveau des taux, le message est clair : la situation se dégrade dangereusement. Même les Banques centrales, ultimes remparts face à un effondrement programmé des actifs boursiers, arrivent à ce constat : sans politiques de relance budgétaire d’envergure, le ralentissement voire l’effondrement de l’économie mondiale, est inéluctable.
Fort de ce constat nous avons bâti deux scénarios de marchés. Notre scénario central anticipe avec 70% de probabilité d’occurrence une poursuite de la dégradation macroéconomique dans un contexte politique pour le moins tendu. Dans ce scénario, les actifs risqués s’orienteraient bien évidemment à la baisse et les taux joueraient encore et toujours, en dépit de leurs niveaux extrêmes, leur rôle de valeur refuge. Notre scénario alternatif quant-à-lui considère qu’il existe 30% de probabilité que les États prennent le relais de l’action des banques centrales et qu’on commence à voir émerger des plans de relance conséquents. Un tel scénario permettrait aux actions de poursuivre leur formidable rally pendant au moins trois mois.