par Frederik Ducrozet, Head of Macroeconomic Research, et Xiao Cui, Senior Economist, chez Pictet Wealth Management
· La mise en place rapide et agressive de droits de douane par l’administration Trump remet en question le rôle du dollar dans le monde. Ces droits de douane agressifs s’inscrivent dans la proposition de l’accord de Mar-a-Lago, qui suggère de les mettre en place dans le cadre d’un effort plus large visant à remodeler le système commercial et financier mondial.· Les propositions visant à imposer un « droit d’utilisation » aux détenteurs étrangers de titres du Trésor, ainsi que les idées de mise en œuvre d’une retenue à la source étrangère sur les actifs financiers américains, soulèvent d’importantes questions sur le statut de valeur refuge des bons du Trésor américain. Les droits de douane sur les capitaux sont-ils la prochaine étape après les droits de douane sur les marchandises ?· L’accord de Mar-a-Lago vise à remédier à la surévaluation du dollar et au double déficit américain en utilisant les droits de douane et les garanties de sécurité comme moyen de pression sur les partenaires commerciaux. L’objectif est de dévaluer le dollar tout en préservant son statut de monnaie de réserve, et l’accord propose des solutions telles que des interventions sur les devises et des échanges de dettes pour prolonger la durée des bons du Trésor.· Nous pensons que l’accord de Mar-a-Lago est inapproprié d’un point de vue théorique et pratique. Les aspects les plus radicaux du plan remettraient en question la stabilité financière des États-Unis en déstabilisant les bons du Trésor, en érodant l’indépendance de la Fed et en sapant le statut de monnaie de réserve du dollar.· Nous estimons qu’il est très peu probable que le plan soit intégralement mis en œuvre, mais il n’est pas totalement exclu que certaines parties commencent à être discutées, notamment une petite commission sur les paiements d’intérêts sur les avoirs étrangers en bons du Trésor. Cette commission pourrait ne s’appliquer qu’aux nouvelles émissions et varier d’un pays à l’autre, et elle ne serait très probablement pas introduite en période de turbulences sur les marchés. Même dans ce cas, cela représenterait toujours un risque majeur pour le marché obligataire américain et la stabilité financière en général.