Découplage entre les marchés obligataires européens et américains

par Eric Pictet, Directeur Général du bureau de Paris de Muzinich & Co

A l’exception du high yield européen, les marchés obligataires et d’actions européens et américains ont corrigé durant le mois d’août. Cependant, les obligations d’entreprises européennes ont surperformé leurs équivalents américains, du fait de paramètres techniques plus favorables. Des données économiques positives aux US ont supporté les anticipations d’une réduction du QE3 dès septembre, un facteur susceptible d’entraîner une hausse des taux d’intérêt à long terme.

En conséquence, les emprunts d’État américains ont été hautement volatils durant le mois. La performance du marché obligataire américain résulte essentiellement des mouvements sur les bons du Trésor et la décollecte des fonds obligataires qui s’en est suivie que par les craintes des investisseurs à l’égard de la qualité du crédit. Toues les regards seront tournés vers la Réserve fédérale, qui devrait annoncer mi-septembre ses perspectives pour l’avenir du QE3. Les marchés devraient également être attentifs à l’évolution d’autres facteurs qui ne sont pas directement liés au crédit, tels que la situation en Syrie, et les débats entourant le budget américain et le plafond de la dette. Le mois d’août a été relativement calme en Europe et aux États-Unis sur le marché primaire, du fait de la pause estivale.

Stratégie et perspectives

Au cours des deux derniers mois, nous avons observé un découplage entre les marchés obligataires européens et américains, illustré par l’évolution des rendements relatifs. Le high yield américain génère actuellement un rendement de 112 pb supérieur à des crédits européens de même notation, soit une hausse de 68 pb depuis le point haut du marché du 9 mai dernier.

Selon nous, cette évolution reflète essentiellement le changement des taux de rendement des bons du Trésor américains et la correction technique qui a touché par la suite le marché obligataire américain. À l’aube de l’automne, nous anticipons des rapports économiques contrastés qui risquent d’induire de la volatilité sur les rendements souverains et, par conséquent, des mouvements techniques sur d’autres marchés obligataires. Bien que les investisseurs risquent de ne pas accueillir favorablement ces fluctuations, les fondamentaux de crédit restent selon nous robustes. Aussi, sous réserve d’événements à court terme sur le crédit, les investisseurs devraient rester concentrés davantage sur les attraits à long terme du high yield et son flux régulier de coupons, plutôt que de regarder les perturbations « mark to market ».