par Thibault Mercier, économiste chez BNP Paribas
Le « oui mais » de la Troïka à la Grèce
Dans un communiqué paru mardi 11 octobre, la Troïka (FMI Commission européenne, BCE) a donné son aval au versement de la 6ème tranche du prêt à la Grèce (8 milliards d’euros) malgré la reconnaissance d’un déficit public supérieur à l’objectif (7,5% du PIB en 2011). D’après les rapporteurs, le dérapage s’explique par la récession mais aussi par les retards pris dans l’application du programme d’ajustement. Pour montrer sa volonté de tenir ses engagements, le gouvernement grec a déployé un nouvel arsenal de mesures (hausses de taxes, baisse des salaires et retraites, mise au chômage technique des salariés du secteur public).
Evidemment, l’ajustement est long. Un second plan de soutien est nécessaire et doit s’accompagner d’efforts pour améliorer la solvabilité de la Grèce. C’est l’esprit du sommet du 21 juillet avec, notamment, la participation volontaire du secteur privé qui doit faire l’objet de nouvelles conditions, dont le détail doit être fourni. Le sommet européen du 23 octobre sera probablement l’occasion de fournir les détails de ce second bail-out.
Le « oui » slovaque au FESF réformé
La Slovaquie était le seul Etat membre de la zone euro à ne pas avoir encore ratifié le changement de statut du FESF (Fonds européen de Stabilité financière), lui permettant notamment d’intervenir sur le marché secondaire de la dette des Etats. L’accord est finalement venu le jeudi 13 octobre 2011. C’est sous la pression internationale et en échange d’élections anticipées, que le principal parti d’opposition, le SMER, a accepté de joindre ses voix à celles des trois autres partis de la majorité pour entériner le « nouveau » FESF. Les 440 milliards d’euros dont dispose ce dernier apparaissent, néanmoins, limités en regard de la taille des dettes des six pays à « spread élargi » (3 750 milliards d’euros cumulés pour l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande la Belgique et la Grèce). A peine entériné, le FESF pourrait donc subir quelques adaptations, comme celle lui donnant la possibilité d’un recours au levier (voir ci-contre).
Le décalage entre l’annonce du 21 juillet et le délai dans sa mise en application rappelle le décalage entre le temps des marchés et celui des démocraties. A cet égard, la zone euro souffre du handicap d’avancer au rythme du plus lent de ses membres. Aussi l’intégration budgétaire semble devoir s’accompagner d’une plus grande intégration politique. C’est probablement la voie qu’ont voulu ouvrir Mr. Sarkozy et Mme Merkel en évoquant cette semaine la modification des traités européens. Mais, entre la volonté d’agir vite et les difficultés à le faire, il n’y a qu’un chemin de crête que la zone euro est contrainte d’emprunter prudemment.