par Philippe de Vandière, Analyste Marché chez IG Markets France
Aux Etats-Unis, les statistiques ont été mauvaises sur le mois. La croissance américaine du 1er trimestre a été revue à la baisse à 2,7% contre 3% précédemment. Cela s'explique par une baisse des dépenses des ménages et des entreprises. Les chiffres de l’emploi sont tout aussi inquiétants, l’économie US ayant détruit des emplois pour la première fois de l'année avec un chiffre de 125 000 destructions d’emplois en juin. La confiance du consommateur américain recule plus que prévu en juin, elle ressort à 52,9% contre 62,7% en mai. Les statistiques immobilières sont aussi très mauvaises outre Atlantique. Sur le mois le Dow Jones perd 3,58%, alors que le S&P 500 perd lui 5,39%.
En Europe, les ventes au détail ont nettement diminué, un repli inattendu et plus marqué qui s'explique par les craintes concernant un marché de l’emploi toujours difficile. La baisse des dépenses publiques, ainsi que l'incertitude croissante sur les perspectives économiques de la zone, annoncent une consommation faible pour les mois à venir. Les actions isolées de plusieurs gouvernements avaient envoyé des messages négatifs au marché, mais une certaines homogénéité se met en place avec notamment, la décision de plusieurs pays de publier les stress tests de leurs banques. Cela devrait régler les problèmes de solvabilité, mais ce projet devra être suffisamment transparent pour être crédible. Les bourses européennes finissent également dans le rouge sur le mois. Le CAC 40 perd 1,84%, et l’Eurostoxx 50 : 1,42%.
En Chine, les prévisions de croissance pour le second trimestre ont été revues à la baisse, on attend une croissance inférieure au 10% annoncé précédemment. L’activité s’est aussi ralentit avec un indice PMI qui ressort en deçà des attentes. La principale actualité est la hausse de la devise chinoise par rapport au dollar. Cela va favoriser à la fois les exportations vers la Chine et stimuler le pouvoir d'achat du consommateur chinois. Cette décision est donc une bonne nouvelle pour les marchés actions et plus particulièrement pour les valeurs du luxe, de la métallurgie et valeurs exportatrices. Mais les craintes d’une surchauffe de l’économie chinoise sont toujours présentes et font fortement baisser l’indice Hang Seng SSE sur le mois : – 7,48% et -26,82% depuis le début de l’année.
Le secteur de l’énergie baisse très fortement -9,61%, le secteur souffre des difficultés rencontrées par BP qui perd 35,55% sur le mois, Total perd 2,01%.
Sur le mois les Utilities abandonnent 4,44%, ce qui fait une baisse de 15,69% depuis le début de l’année. Le secteur souffre des plans d’austérités en Europe. La mise en place de taxe sur le nucléaire en Allemagne, ainsi que de l’abandon des hausses de tarifs de l’électricité en Espagne, font craindre un risque de contagion à l’ensemble des valeurs du secteur.
La construction a souffert des mauvaises statistiques immobilières au pays de l’oncle Sam, la chute des ventes de logement neuf aux US a été de 30% en juin, suite à la fin du crédit d’impôt. Le secteur perd 2,47%. Saint-Gobain perd 1,56%, Lafarge est en baisse de 4,33%. En ce qui concerne les secteurs qui ont tiré les marchés sur le mois, on retrouve l’automobile avec une hausse de +2,73%. Les véhicules premium continuent de surperformer au sein du secteur, BMW monte de 9,43%, alors Renault profite de la bonne performance de Dacia et s’adjuge +4,73%, et Peugeot grimpe de 7,83%.
Le secteur des boissons s’adjuge +3,45% sur le mois. Le secteur bénéficie de la bonne tenue des marchés américains, premier marché mondial, du dynamisme des pays émergents et notamment de la Chine, de la reprise des commandes, ainsi que de la vigueur du dollar contre la livre et l’euro.
Pernod-Ricard s’adjuge +3,49%, Diageo le leader du secteur lui grimpe de +11,24%.
La santé monte de presque 4%. Le secteur a bénéficié du newsflow très important sur les sociétés biotechnologiques au mois de juin, Vivalis grimpe de 10,54%. Novo Nordisk s’adjuge +6,40% sur le mois. La société profite du retard de commercialisation de Tapsoglutide (Ipsen + Roche) dans le diabète, secteur où Novo Nordisk est le leader incontesté au côté de Sanofi-Aventis (+0,16% sur le mois).
Du côté des devises
L’euro/dollar a abandonné 17,8% au cours du premier semestre face aux craintes concernant les plans de restriction budgétaire en Europe. Sur le mois l’euro/dollar baisse et passe de 1,2287 à 1,2230.
Du côté des taux
Le regain d’aversion sur le mois a encore accentué les distorsions entre les dettes souveraines. Le Bund a baissé de plus de 18% depuis le début de l’année pour s’établir en dessous de 2,8% de rendement, proche de son plus bas historique. L’obligation allemande continue à profiter du mouvement de « fly to quality », au détriment des dettes des pays du sud, qui souffrent de la défiance des marchés envers ses économies.
Du côté des matières premières
Le pétrole s’adjuge +0,74%, après une forte hausse sur la première partie du mois, le baril a ensuite sombré à cause des anticipations d’une croissance mondiale plus faible qu’attendue sur 2010. Le baril WTI s’établit à 75,33$ au 30 juin.
De son côté le métal jaune grimpe de 2,14% sur le mois. L’once d’or continue d’évoluer sur des plus hauts historiques, avec notamment un nouveau record touché à 1255,9$ l’once.