par Philippe Waechter, Directeur de la recherche économique de Natixis AM
Le premier tour des élections présidentielles se termine par la qualification d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen pour le second tour. Les sondages avaient bien vu la hiérarchie du résultat final comme le montre le graphe ci-dessous. Il n’y a pas de surprise mais l’on constate que la progression de Macron, depuis 10 jours, s’est définitivement transformée en une première place alors qu’il avait toujours été second depuis le début du mois de février.
Le risque d’un vote massif pour le Front National n’a pas été constaté même si Le Pen obtient plus de voix que lors des élections européennes de 2015. Fillon n’a pas eu d’électeurs cachés qui auraient hésité à indiquer leur vote dans les sondages. Hamon termine ce parcours au plus bas que le dernier point de sondage.
A minuit trente, le taux d’abstention est estimé à 21.5% contre 20.52% en 2012. Le point à souligner est l’absence des deux partis de gouvernement au deuxième tour. C’est la première fois qu’un des deux, au moins, n’est pas représenté. La somme des voix des deux partis n’est que de 26%, elle était de 63% en 1995, de 36% en 2002, de 57% en 2007 et de 56% en 2012. La recomposition politique de la France est très visible lors de ses élections.
Plusieurs points à retenir
Le second tour, si l’on suit les résultats des sondages, devrait porter Macron à la Présidence de la République. Le rapport de force est aujourd’hui de 65% pour Macron et de 35% pour Le Pen. Ce second tour aura lieu le 7 mai.
Les ralliements à Macron sont nombreux. Fillon a appelé à voter Macron, Hamon également alors que Mélenchon ne s’est pas prononcé. Bernard Cazeneuve, le premier ministre, a appelé à voter Macron.
Le vote extrême associant Le Pen et Mélenchon au deuxième tour n’aura pas lieu. Le risque systémique est écarté, très probablement. Cela veut dire que le risque de sortie de la France des institutions européennes est aujourd’hui très réduit puisque la probabilité d’une victoire Le Pen, qui n’est pas nulle, est faible.
Cela devrait permettre de réduire la pression sur les marchés financiers et revenir sur une allure plus normale. La prime de risque qui pouvait affecter les marchés financiers français va s’estomper.
L’euro devrait probablement gagner en robustesse. Cela a été le cas dimanche soir, cela le sera encore peut être lundi. Cela implique aussi une réduction du spread entre la France et l’Allemagne. Le taux du 10 and français devrait baisser d’une dizaine de points de base au moins. Les marchés boursiers vont aussi valider à la hausse ce résultat du premier tour. On sera très attentif dans le profil des marchés entre les évolutions immédiates à l’ouverture des marchés et ce qui se passera ensuite dans la journée.
Le choix est donc, pour les français, de rester ancrer dans l’Europe avec une économie ouverte. Cette option est cruciale au moment où les signaux à la hausse sur l’économie française se font plus forts. Il aurait été dommage d’enrayer cette mécanique européenne qui se traduira par davantage de croissance et d’emplois en 2017.
Le choix des électeurs n’écarte pas pour autant le spectre du populisme qui fait environ 40% des voix. C’est cette dimension politique qui est importante aujourd’hui. Sa dynamique portera le choix qui sera fait lors des élections législatives les 11 et 18 juin. C’est parce que cette dimension populiste va encore être forte que les 2 prochaines semaines devront être davantage politique qu’économique. Car c’est un choix de société qui va être fait le 7 mai.