par Sébastien Galy, Stratégiste Macro Senior chez Nordea AM
Après un processus électoral tumultueux, le candidat démocrate Joe Biden a été choisi par le peuple américain pour succéder à Donald Trump en tant que 46ème président des Etats-Unis. Joe Biden a déjà commencé à préparer son mandat, qui débutera le 20 janvier 2021. Plusieurs mesures devraient être prises lors des 100 premiers jours de sa prise de fonction. A quoi faut-il s’attendre ?
Une réouverture de l’économie américaine
La réouverture de l’économie passera par la création d’un comité consultatif sur la santé publique. Les Etats-Unis devraient également rejoindre de nouveau l'Organisation mondiale de la santé. Dans le cadre de son initiative « Build, Back, Better », Joe Biden prévoit de renforcer les infrastructures grâce à un soutien public de 700 milliards de dollars, et de « mobiliser l'ingéniosité américaine pour construire une infrastructure moderne et un avenir énergétique équitable et propre ». Ces fonds seront probablement consacrés à l’amélioration d’infrastructures vieillissantes telles que les ponts, mais également au développement de centres de données, à la décarbonation et aux énergies renouvelables. Une autre enveloppe de 2 000 milliards de dollars, destinée à une « révolution de l'air propre », vise à emmener l'économie américaine vers la neutralité carbone d'ici 2050 au plus tard.
Un rétablissement des alliances avec les États-Unis
La diplomatie internationale sous la présidence de Donald Trump a été fortement ébranlée. Joe Biden s'efforcera d'inverser cette tendance en rétablissant les relations avec l'OTAN, en rejoignant l'Accord de Paris sur le climat et en renforçant les relations avec la Chine.
Sur le plan intérieur, M. Biden prévoit la création d'une commission bipartite chargée de revoir le système judiciaire et d'encourager la réduction des incarcérations. Il a notamment laissé entendre qu'il travaillerait avec le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, pour obtenir ces résultats.
Du point de vue européen, le plus important est un retour au statu quo et à une certaine normalité. Cependant, le président est par définition très sensible aux attentes des électeurs du camp adverse étant donné sa faible marge de victoire.
Quelles sont les implications ?
Un changement d'administration est certainement une bonne nouvelle pour les actions et obligations chinoises. L’imprévisibilité des relations sino-américaines disparaît et le yuan devrait avoir tendance à s'apprécier. Malgré cette normalisation, le président élu reste sensible aux 70 millions d'électeurs ayant préféré Donald Trump. La pression sur la Chine, et dans une moindre mesure sur la Russie, pourrait ainsi persister, sans être toutefois dépendante de simples tweets. Du fait que le yuan est très faible, il est très probable que la Chine le laisse s'apprécier pour éviter des représailles.
Nous continuons d’anticiper un rebond des marchés chinois susceptible de s’étendre à toute la région Asie-Pacifique, en profitant particulièrement au secteur technologique et aux sociétés liées à l’essor de la classe moyenne. Cet impact positif pourrait être très fort sur le secteur des énergies propres et des nouvelles technologies, grâce au soutien des initiatives de l'UE et des États-Unis. Nous sommes toutefois conscients que certaines de ces mesures fiscales seront difficiles à faire adopter par le Sénat qui reste à majorité républicaine.