par Michael Browne, Gérant Martin Currie, filiale de Legg Mason
La première ministre britannique, Theresa May, a convoqué mardi 18 avril des élections anticipées qui pourraient s’avérer stratégiques. Si ce scrutin aboutit au résultat escompté, il pourrait renforcer le mandat des Conservateurs et accélérer les négociations du Brexit avec l’Union européenne.
Les enjeux politiques
En vertu des dernières réformes électorales, le projet de législatives anticipées doit obtenir l’aval du Parlement à la majorité des deux tiers. La première Ministre, Chef du Parti Conservateur, met ainsi au défi les partis d’opposition qui ont remis en cause son mandat et son choix d’orienter le pays vers un « hard Brexit ».
Le redécoupage des circonscriptions, qui devrait bénéficier aux Conservateurs, ne prendra effet qu’en 2018 et ne concernera donc pas ces élections anticipées.
Pourquoi cela va dans le sens du Parti conservateur
Les Conservateurs ont actuellement le vent en poupe dans les sondages, tandis que les Travaillistes sont en difficulté. Leur chef de file, Jeremy Corbyn, continue de lutter pour obtenir le soutien de son propre groupe parlementaire, après avoir traversé une forte crise de légitimité en 2016. Il n’aura peut-être pas le temps de procéder au processus de sélection de nouveaux députés « complet et ouvert », tel qu’il l’a proposé. Cette initiative du leader travailliste était d’ailleurs perçue par certains comme une tentative de purger le parti de ses détracteurs. Par ailleurs le Parti pour l’Indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui a joué un rôle moteur dans le vote du Brexit, a, lui aussi, vu sa popularité baisser dans les sondages.
Le défi écossais
En Ecosse, cette élection surprise est perçue par le Parti national écossais (SNP) comme une opportunité pour remettre le référendum sur l’indépendance à l’ordre du jour. En effet, Theresa May a rejeté le mois dernier la requête du gouvernement Ecossais à ce sujet.
Un accélérateur de Brexit
Une victoire du Parti Conservateur profiterait à Theresa May en renforçant son pouvoir de négociation sur le Brexit. L’Union européenne a clairement fait en sorte de gagner du temps, en tentant de prolonger la période de transition jusqu’en 2019 (soit après les prochaines élections britanniques). En cas de scrutin anticipé, la période de transition de trois ans ne se terminerait qu’en mars 2022, avant les prochaines élections générales.
Au niveau européen, cette élection portrait à trois le nombre d’échéances politiques cruciales au sein de puissances économiques majeures au cours des prochains mois. Le compteur pourrait même grimper à quatre si de nouvelles élections sont également organisées en Italie, ce qui est fort probable. Cette configuration risque de concentrer l’attention des dirigeants européens sur la politique interne, laissant ainsi le champ libre aux Etats-Unis sur la scène internationale.
Les conséquences pour les investisseurs
Le sujet du Brexit sera, naturellement, au cœur des préoccupations des électeurs britanniques. Mais du point de vue des investisseurs, ce scrutin anticipé pourrait avoir des effets positifs sur le marché intérieur : par exemple, un rebond potentiel des constructions de logements.
La perspective d’une victoire des Conservateurs pourrait aussi profiter à la livre sterling et aux actions britanniques. Elle serait en revanche négative pour les multinationales du FTSE, qui pâtiraient de l’effet de change. Autrement dit, les marchés auraient une réaction opposée à celle que nous avons observée au lendemain du Brexit sur le second semestre 2016.