par Stephen Mitchell, Responsable de la stratégie actions internationales chez Jupiter AM
Lors du sprint final dans la course à l’Elysée, l’élément clé s’est avéré être davantage ce calamiteux taux de chômage français de 10% – le double de ses voisins européens du nord – que l’immigration. Les votants ont élu Emmanuel Macron pour ses propositions pro-business qui pourraient déverrouiller l’investissement et stimuler les marchés français. Ils ont choisi de s’éloigner de la politique de hausses d’impôts paralysantes de François Hollande pour se tourner vers des propositions plus classiques de baisse d’impôts et de réforme de droit du travail. La libéralisation de quelques industries clé va maintenant devenir un sujet de discussion prépondérant à l’approche des élections législatives de juin prochain.
A l’inverse de ce qui s’est passé chez ses voisins du nord de l’Europe, l’économie française a vu l’investissement et l’entrepreneuriat stagner et les électeurs français ont fini par admettre cette difficulté. Les français ont finalement opté pour des solutions conventionnelles, notamment privilégiées par l’Allemagne, au lieu des propositions radicales de Marine Le Pen et du Front National.
Pour ce qui est de l’Europe, ce résultat, ainsi que la victoire du CDU d’Angela Merkel dans les élections dans le land du Schleswig-Holstein, devrait se traduire par un rapprochement encore plus poussé du cœur de l’Europe. Emmanuel Macron veut améliorer les relations franco-allemandes, même s’il n’est pas totalement dénué de pulsions protectionnistes. La France a obtenu un sursis concernant la menace populiste, sursis qui pourrait se prolonger grâce aux bonnes tendances économiques actuelles en Europe, mais c’est un sursis qui va nécessiter qu’Emmanuel Macron et l’Assemblée Nationale, élue en juin, tiennent leurs promesses.
Les marchés avaient déjà intégré ce résultat mais les spreads des obligations souveraines françaises et italiennes par rapport au Bund devraient se resserrer encore. Les actions devraient connaître une hausse régulière, mais c’est seulement lorsque nous connaîtrons les nominations aux postes clés lors de la transformation du mouvement « En Marche ! » en véritable parti politique que l’on pourra savoir si cette hausse sera durable. Les prochaines étapes seront donc ces nominations, notamment celle du Premier Ministre, et la tenue des élections législatives qui résulteront d’une Assemblée Nationale qui, on l’espère, viendra soutenir la vision pour revitaliser la France de ce jeune dirigeant.