États-Unis : en avril, ne perd pas le fil

par Hélène Baudchon et Cécile Duquesnay, économistes au Crédit Agricole

  • Reprise en dents de scie du marché immobilier résidentiel sur fond de stabilisation des prix.
  • Orientation haussière intacte des nouvelles commandes de biens durables.
  • Stagnation de la consommation des ménages sur le mois d’avril.

 

En avril, les ventes de logements sont de nouveau montées en flèche dans le neuf (+14,8 %) comme dans l’ancien (+7,6 %), soit, respectivement, une progression sur un an de 48 et 23 %. Ces chiffres sont dus à l’arrivée à échéance du crédit d’impôt qui nécessitait la signature des contrats avant le 30 avril pour une clôture avant le 30 juin. Les ventes dans l’ancien (comptabilisées à la clôture) devraient restées soutenues en mai et juin, mais les ventes dans le neuf (comptabilisées à la signature) devraient rechuter dès mai.

Le contrecoup attendu pour l’été ne devrait pas remettre en cause la reprise du marché portée par des conditions d’accès à la propriété favorables. Côté prix, les nouvelles sont plutôt bonnes. Malgré la rechute de l’activité durant l’hiver 2009-2010, ils sont restés stables sur le mois de mars, voire ont progressé (+0,3 % pour l’indice FHFA, sa première hausse depuis novembre). Sur un an, l’indice S&P/Case-Shiller affiche une progression de 2,7 %. Le risque d’une rechute des prix dans les prochains mois n’est pas écarté, mais leur baisse devrait rester limitée.

Les nouvelles commandes de biens durables ont vigoureusement progressé sur le mois d’avril (+2,9 %), portant à 19 % leur hausse sur un an. Ce chiffre élevé est dû à l’envolée des commandes dans l’aéronautique civile.

Hors secteur des transports, les nouvelles commandes accusent un repli de 1 % sur le mois, mais après +2 et +5 %, respectivement, en février et mars. Les nouvelles commandes et les livraisons restent franchement orientées à la hausse, ce qui est de bon augure pour l’investissement des entreprises et donc la croissance.

Les surcapacités et les incertitudes sur la dynamique de la demande intérieure sont certes un frein à l’investissement. Mais il y a d’importants besoins de remplacement et de modernisation du stock de capital. De plus, le taux d’utilisation des capacités de production se redresse assez rapidement depuis la mi-2009. Et les entreprises n’ont pas de contraintes d’endettement ni de financement, comme en atteste par exemple la hausse de 30 % sur un an de leurs profits au premier trimestre 2010.

La stagnation de la consommation des ménages sur le mois d’avril rappelle que l’on ne peut totalement se fier au chiffre des seules ventes de détail, que la hausse des secondes (40 % des dépenses des ménages) ne garantit pas une hausse de la première.

Ainsi, les dépenses nominales en biens non durables ont reculé de 0,6 % (contre une hausse de 0,4 % des ventes de détail hors automobiles). Les dépenses en biens durables s’en sortent bien en restant inchangées malgré la baisse du nombre de voitures vendues. Les dépenses de services progressent de 0,2 %. Cette pause de la consommation n’est pas vraiment une surprise : elle manque en effet encore de déterminants. Le revenu est certes à la hausse, mais le moral reste bas, le crédit absent et la richesse fluctuante. Le deuxième trimestre bénéficie d’un acquis de croissance très positif mais il démarre doucement.

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