États-Unis : la voie est libre pour la Fed ?

par Sandrine Boyadjian et Axelle Lacan, économistes au Crédit Agricole

  • Le secteur privé a créé 64 000 emplois en septembre, ce qui a été insuffisant pour compenser les destructions de postes dans le secteur public. Le taux de chômage est resté inchangé à 9,6%.
  • L’enquête ISM sur le climat des affaires dans le secteur non manufacturier ressort à 53,2 points en septembre (+1,7 points par rapport au mois d’août).
  • Les commandes à l’industrie suggèrent un tassement de l’investissement au second semestre 2010.

 

Le rapport sur l’emploi du mois de septembre confirme que le marché du travail américain reste morose. Comme au cours des trois mois précédents, les créations de postes dans le secteur privé (64 000) n’ont pas été suffisantes pour compenser les suppressions de postes du secteur public (159 000), dues aux licenciements post-recensement et aux coupes budgétaires au niveau des collectivités locales. Au total, les destructions nettes d’emplois salariés non agricoles s’élèvent à 95 000 en septembre. Depuis mai, l’économie américaine n’a créé par mois en moyenne que 83 000 emplois, ce qui est peu pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. Le taux de chômage est resté stable ce mois-ci, à 9,6%. Quant aux salaires horaires, ces derniers sont, eux aussi, restés stables. Au total, ce rapport plutôt terne laisse la voie libre à la Banque centrale américaine pour annoncer un nouvel assouplissement quantitatif lors de sa prochaine réunion en novembre.

L’enquête ISM sur le climat des affaires dans le secteur non manufacturier ressort à 53,2 points en septembre (+1,7 point par rapport au mois d’août). Cette progression est plus forte que celle prévue par le consensus, qui attendait l’indice à 52 points. Cette amélioration intervient après une inflexion marquée au mois d’août (baisse constatée de 2,8 points) et peut donc être vue en partie comme un mouvement de correction. Toutefois, elle témoigne tout de même d’une orientation un peu plus positive dans le secteur des services, ce qui pourrait être une bonne nouvelle sur le front de l’emploi. A l’inverse, la semaine dernière, l’enquête ISM sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier avait sensiblement reculé au mois de septembre, passant de 56,3 à 54,4. Au total, ces résultats mitigés sont en ligne avec notre scénario, qui anticipe une croissance molle de l’activité en seconde partie d’année.

Sans surprise après la première estimation des commandes de biens durables, les nouvelles commandes adressées à l’ensemble de l’industrie ont reculé de 0,5% (m/m) en août. Ce repli résulte de la forte contraction des commandes dans le secteur des transports (-10,2%). A la fin du mois d’août et avec une croissance nulle en septembre, les commandes auraient enregistré un repli de 0,8% (t/t) sur l’ensemble du troisième trimestre, après une hausse de 0,8% au deuxième. Ces résultats sont en ligne avec le signal donné par les enquêtes, en particulier l’ISM manufacturier et le tassement du commerce international au second semestre. Par ailleurs, ces chiffres viennent conforter notre scénario d’une décélération de l’investissement des entreprises à partir du troisième trimestre (10% t/t annualisé, après 24,9% au T2). Néanmoins, l’investissement des entreprises reste le point fort de la croissance américaine en 2010.

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