par Hélène Baudchon, économiste au Crédit Agricole
- Les Minutes du FOMC des 26-27 avril font état d’une longue discussion sur les étapes de la stratégie de sortie.
- Stagnation de la production industrielle sur le mois d’avril.
- Rechute des indicateurs immobiliers.
Les Minutes du FOMC des 26-27 avril font état de longs échanges sur les étapes de la stratégie de sortie, reprenant ainsi une discussion lancée il y a à peu près un an mais laissée en suspens depuis pour cause de crise de la dette souveraine en Europe et de craintes de rechute en récession de l’économie américaine.
La réouverture de ce dossier donne aux Minutes une tonalité plus hawkish qu’attendu. Que la séquence soit arrêtée lève une partie des incertitudes mais la question plus importante encore du calendrier reste entière. L’ordre retenu est le suivant : fin du QE2, arrêt de la politique de réinvestissement, hausse des taux directeurs (la rémunération des réserves excédentaires constituant un plancher pour les Fed funds et le taux d’escompte un plafond), cession des RMBS (à un rythme prédéfini, pour retrouver à horizon de 5 ans environ un portefeuille composé exclusivement de titres du Trésor). Les changements seront signalés suffisamment en avance pour minimiser les perturbations sur les marchés et l’économie (avec en particulier l’abandon dans les premiers mois de 2012 d’après nous de la formule consacrée sur la période prolongée de maintien des taux bas). Les premières opérations de drainage des réserves excédentaires devraient s’intercaler avant toute hausse de taux.
La production industrielle est restée inchangée en avril, une stabilité d’autant plus décevante qu’elle fait suite à une importante révision en baisse des trois mois précédents (ramenant la croissance trimestrielle à 4,6% contre 6,1% préalablement en rythme annualisé) et qu’elle masque des détails peu engageants. L’indice total a été soutenu par l’augmentation de la production minière et de gaz et d’électricité (respectivement +0,8% et +1,7% sur le mois) qui a tout juste compensé la baisse de la production manufacturière (-0,5%). Celle-ci est imputable à la chute de la production automobile (-8,9%), elle-même le résultat des ruptures dans la chaîne de production suite aux catastrophes qui ont frappé le Japon début mars. Hors automobile, la production affiche une croissance positive mais ralentie (+0,2%). Etant l’élément moteur de la reprise, un tel essoufflement de la production, certes en partie dans l’ordre naturel des choses mais aussi en partie dû à la hausse des coûts de production avec la flambée du prix des matières premières, est problématique (en témoigne l’effondrement des premières enquêtes régionales pour le mois de mai).
Après un mois de mars encourageant, les premiers indicateurs immobiliers du mois d’avril ont de nouveau flanché, incapables de rompre avec le schéma en vigueur de variations en dents de scie autour d’une tendance plate. Le marché immobilier reste au point mort. Malgré la hausse des promesses sur le mois de mars, les ventes de logements dans l’ancien ont reculé de 0,8% sur le mois d’avril. Côté offre, les mises en chantier ont chuté de 10,6% sur ce même-mois, sous l’effet du recul de la composante logements multifamiliaux (-24,1%). Les mises en chantier de logements individuels ont enregistré une baisse moins prononcée (-5,1%) mais qui annule les gains précédents. Surtout, les permis de construire de logements individuels (indicateur le plus pertinent) ont aussi reculé de 1,8%. La stagnation, depuis octobre dernier, du moral des constructeurs (mesuré par l’enquête NAHB) à un niveau historiquement bas, contribue à noircir un peu plus le tableau. Seul point positif auquel on se raccrochera : la hausse en mai, pour le deuxième mois de suite, du trafic des prospecteurs.