par Hélène Baudchon et Laure Nguyen, économistes au Crédit Agricole
- Marasme immobilier (baisse de 2,2% sur le mois d’octobre des ventes de logements dans l’ancien et de 8,1% dans le neuf).
- Raffermissement de la consommation (hausse de 0,4% sur le mois d’octobre en termes nominaux).
- Ralentissement de l’investissement (recul de 3,3% des nouvelles commandes de biens durables sur le mois d’octobre).
– Les ventes de logements dans l’ancien ont accusé une baisse de 2,2% sur le mois d’octobre, après une hausse cumulée de 18% entre août et septembre. Ce recul est en ligne avec celui de l’indice des promesses de vente. Mais la difficulté manifeste du marché immobilier à s’extirper du trou profond dans lequel il est tombé interpelle. Le bas niveau des taux et des prix ne suffit pas à amorcer la reprise face au niveau élevé du chômage, au manque de confiance des ménages, et aux dysfonctionnements persistants du marché, dont les plaintes pour saisies abusives sont le dernier exemple en date. En attendant la clarification des procédures, un certain nombre de logements sont retirés du marché, ce qui réduit certes l’offre mais pèse également sur la demande (du fait à la fois de la disparition de bonnes affaires et des incertitudes qui pèsent sur les conditions de vente). Le marché n’est pas près de se rééquilibrer ni donc les pressions baissières sur les prix de se dissiper. Ces difficultés profondes dans l’ancien se répercutent sur le neuf, dont les ventes ont encore chuté de 8,1% sur le mois d’octobre.
– Les nouvelles du côté de la consommation des ménages sont bonnes. Leur revenu a progressé de 0,5% sur le mois d’octobre et ils ont augmenté leurs dépenses (nominales) de 0,4% (0,3% en termes réels). La forte progression des dépenses en biens durables (+1,9% sur le mois), automobiles en particulier, a permis de plus que compenser la baisse des dépenses de chauffage due aux températures clémentes pour la saison (qui a limité à 0,1% la hausse sur le mois des dépenses de services, 67% du total). Les dépenses en biens non durables ont, elles, augmenté de 0,8%. Si le rythme de progression de la consommation reste modeste pour un début de cycle, au moins se maintient-il. Nous avons tendance à voir le verre plutôt à moitié plein qu’à moitié vide. De même, la relative stabilité du taux d’épargne depuis le début de l’année est plutôt une bonne chose. En revanche, l’extrême faiblesse de l’inflation sous-jacente (0,9% sur un an pour le déflateur hors énergie et alimentation) nous semble plus problématique même si elle soutient le pouvoir d’achat.
– Les nouvelles commandes de biens durables ont reculé de 3,3% sur le mois d’octobre, après une progression de 5% en septembre (chiffre revu en hausse par rapport à l’estimation initiale). En net, le chiffre d’octobre n’est donc pas si mauvais, d’autant plus qu’il est pour une part dû à la baisse des commandes d’avions civils, variable de nature hyper volatile. Cependant, hors aéronautique et défense, les nouvelles commandes accusent quand même un repli de 4,5% sur le mois et les livraisons de 1,5% (la première baisse depuis janvier). Sur un an, le ralentissement du rythme de progression reste néanmoins en ligne avec l’évolution récente de la composante « nouvelles commandes » de l’enquête ISM, qui signale d’ailleurs un potentiel de ralentissement supplémen- taire. En même temps, la nette remontée en octobre de cette même composante est de bon augure. Sans remettre en cause la tendance globale à la hausse des nouvelles commandes, ces chiffres pointent vers une progression moins rapide des dépenses d’investissement.