par Hélène Baudchon et Cécile Duquesnay, économistes au Crédit Agricole
- L’économie a détruit 20 000 emplois salariés non agricoles en janvier, mais le taux de chômage a baissé à 9,7 %.
- L’enquête ISM sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier a bondi à 58,4 en janvier, mais celle auprès des secteurs non manufacturiers s’est difficilement hissée à 50,5.
- La dernière enquête de la Fed révèle un durcissement sensiblement moindre des conditions d’octroi de crédit.
Parmi les bonnes surprises du rapport sur l’emploi du mois de janvier, on retiendra la baisse à 9,7 % du taux de chômage, la création de 11 000 emplois manufacturiers et de 52 000 emplois dans l’intérim, la remontée de la durée hebdomadaire du travail, la progression de 0,3 % sur le mois du salaire horaire nominal. Parmi les mauvaises surprises, il y a les 20 000 destructions nettes d’emplois salariés non agricoles, un chiffre certes en amélioration par rapport aux mois précédents et tiré vers le bas par les 75 000 destructions nettes d’emplois dans la construction (pour cause en partie de températures très en-deçà des normales saisonnières), mais dopé aussi par des effets saisonniers favorables à l’emploi dans le commerce de détail et par les premières embauches pour le recensement. De plus, la révision annuelle a abouti à des destructions nettes d’emplois depuis l’entrée en récession en décembre 2007 plus importantes encore (8,4 millions au lieu de 7,2). Dans l’ensemble, ce rapport tend à montrer que la reprise tarde à porter ses fruits sur l’emploi.
L’année 2010 semble être sur de bons rails à en juger le bond en janvier de l’enquête ISM sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier (à 58,4 contre 54,9 en décembre). Ce chiffre, le plus haut depuis août 2004, est d’autant plus encourageant qu’il est porté par une nouvelle progression de la composante « nouvelles commandes » et un retour en force de la production sur fond de ralentissement du déstockage. En revanche, l’enquête ISM auprès des secteurs non manufacturiers délivre un message plus mitigé, en se hissant difficilement à 50,5 en janvier, grevée par une composante « emplois » faible (44,6) et une composante « activité » fluctuante. Ensemble, les deux enquêtes confirment la tendance haussière de l’activité, mais l’écart inhabituel entre les deux illustre les tiraillements à l’œuvre au sein de l’économie entre un cycle très favorable et d’importantes contraintes structurelles.
Le résultat le plus surprenant de la dernière enquête de la Fed sur les conditions d’octroi de crédit portant sur le quatrième trimestre 2009 (Senior Loan Officer Survey) est le fait que 95 % des banques ont laissé inchangés leurs critères à l’égard des entreprises par rapport au troisième trimestre. Et le pourcentage net de banques déclarant les avoir durcis est passé sous la ligne du zéro. Autre évolution encourageante, 10 % net des banques sont désormais plus enclines à accorder des prêts à la consommation, première fois que ce solde net est positif depuis le deuxième trimestre 2007. Néanmoins, le signal positif de la baisse sensible du pourcentage net de banques ayant durci leurs critères de prêts est largement contre-balancé par la faiblesse persistante de la demande de crédit.