par Rob Drijkoningen, Co-responsable de la stratégie dette émergente chez Neuberger Berman
Les perspectives fondamentales sur la dette des marchés émergents continuent à être positives. Les vulnérabilités exogènes se sont considérablement estompées et plusieurs pays sont désormais en position de reconstituer leurs réserves en devises et de détendre leur politique monétaire. Tant les données concernant la croissance des exportations que les indicateurs macroéconomiques domestiques, comme les ventes au détail, montrent leur solidité à travers le monde émergent.
Les entreprises et les consommateurs, hors Chine, se sont désendettés et se sont adaptés à des prix des produits de base moins chers. En l’absence d’indication de surchauffe sur les marchés développés, la politique monétaire centrale mondiale ne devrait changer de direction que progressivement, permettant aux banques centrales des marchés émergents de réduire les taux et d’accompagner la croissance future. Ceci, assorti d’une inflation sur les marchés émergents historiquement basse, soutient des rendements obligataires plus bas et des devises émergentes plus faibles.
L’émission de dettes corporate et souveraine en devise forte reste à un niveau élevé et peut créer quelques vents contraires, bien qu’en soi ce soit surtout un reflet d’une plus forte demande des investisseurs compte tenu des niveaux de collecte sur la classe d’actifs. Les flux pourraient diminuer à court terme car le sentiment est influencé par une combinaison liée au positionnement et à d’autres inquiétudes, à savoir la détente du QE de la FED, le resserrement de la BCE, l’incertitude concernant le board des gouverneurs du Federal Open Market Comittee (FOMC), la réforme fiscale américaine et la perspective de taux d’intérêt plus élevés dans le monde développé en 2018. Cependant, nous pensons que ce ralentissement devrait être temporaire, car les investisseurs ont encore de l’espace à combler dans leurs anciennes allocations de portefeuille.
Les valorisations sont encore plus intéressantes en monnaie locale à notre avis. Alors que les rendements des obligations locales s’échangent dans le bas de la fourchette contrairement aux rendements des marchés développés en valeurs nominales, les rendements réels des marchés émergents restent élevés lorsque l’on tient compte des différentiels d’inflation.
Les principaux risques que l’on voit sur cette classe d’actifs à court terme sont davantage liés aux marchés développés, où nous surveillons le potentiel décalage entre le rythme de croissance et l’action de la politique monétaire. En Chine, les actions politiques pour adresser les déséquilibres structurels lies à la surcapacité et la croissance du crédit ne se font pas sans risque, toutefois récemment les dynamiques cycliques se sont améliorées avec une croissance plus forte que prévue et une inversion des sorties de capitaux.
Les difficultés du Venezuela pour restructurer sa dette extérieure soulignent qu'un défaut de paiement est imminent et qu'une gestion prudente de l'exposition est vitale. Nous avons sous-pondéré le risque à travers des participations dans des obligations émises par PDVSA alors que l'indice de référence est exposé à la fois aux obligations PDVSA et à la dette souveraine, les obligations souveraines ont été davantage bradées que celles de PDVSA, offrant une surperformance sur nos stratégies. A la suite de cette vente massive, nous sommes passés à surpondérer selon l'hypothèse qu'une éventuelle résolution serait susceptible de se réaliser au-dessus des valorisations actuelles, même si cela peut prendre du temps.
Globalement, nous restons positif sur cette classe d’actifs et d’un point de vue tactique nous privilégions les obligations locales et les devises émergentes par rapport à la devise forte – en particulier sur la base de l’attrait de valorisation supérieure sur les marchés domestiques et leur plus forte sensibilité à des fondamentaux en voie d’amélioration.