par Alexandre Baradez, Responsable de l’analyse marchés chez IG France
Le CAC40 a tenté de se stabiliser la semaine dernière après sa lourde chute post-dissolution, mais il y a peu de chance que les investisseurs changent de posture avant le premier tour.
Avec une hausse de 1.6% la semaine dernière, l’indice français a coupé l’hémorragie de la semaine précédente mais s’est contenté du service minimum. Ce léger rebond traduit une forme d’attentisme des investisseurs que l’on retrouve aussi sur le spread de taux avec l’Allemagne : l’écart entre les taux de référence à 10 ans français et allemand n’a pas poursuivi sa dégradation la semaine dernière. Il s’est stabilisé entre 0.70% et 0.80% même si cela reste assez nettement au-delà du niveau pré-dissolution qui était légèrement inférieur à 0.50%.
Il semble que les investisseurs n’ont pas envie de pousser les feux plus loin pour le moment en termes de couverture contre le risque politique. Tant que le spread OAT-Bund reste en-dessous de 0.80%, le CAC40 peut se maintenir au-dessus des 7500 points. Si le spread de taux se dégrade au-delà de 0.80%, l’indice français reprendra probablement sa correction vers les 7000 points. Le baromètre du risque pour le CAC40 reste l’écart de taux entre la France et l’Allemagne, c’est le principal indicateur financier à surveiller.
Sur le front des devises, l’euro est relativement stable face au dollar dans la zone des 1.07$, évoluant à moins de 1% de son niveau pré-dissolution.
Sans que ce soit la panique, cette incertitude politique ressort également au niveau des indices avancés d’activité que sont les PMI. Le PMI Composite pour la zone euro est passé de 52.2 en mai à 50.8 en juin et dans la note S&P Global accompagnant les indices, on pouvait lire les commentaires suivants : « L’incertitude entourant les élections à venir fait stagner les entreprises françaises qui craignent des temps plus difficiles. Selon les informations recueillies, certains membres du panel ont lié la baisse des niveaux d’activité aux prochaines élections. Cela a également été observé dans les nouvelles commandes, notamment dans le secteur des services, qui ont diminué pour la première fois depuis trois mois. De plus, les attentes en matière de production pour les douze prochains mois se sont affaiblies, en partie à cause d’une plus grande incertitude quant aux élections à venir, mais aussi en raison de risques géopolitiques plus élevés. »
Lorsqu’on regarde l’évolution de l’indice PMI Composite, cela ressemble plus à une « respiration » après 7 mois de net redressement, qu’à un point haut du sentiment avant forte rechute. Sachant également que la contraction de l’indice observées en 2022 et 2023 (basculement en-dessous de 50.0) s’était faite dans des environnements différents (confinements et choc immobilier en Chine ainsi que la période de très fort durcissement des politiques monétaires). La BCE ayant commencé à baisser les taux, cela devrait continuer d’offrir un soutien au sentiment des entreprises en zone euro et de compenser une partie du stress politique.
L’idée de cette note n’est pas de chercher à rassurer sur la phase actuelle, qui revêt une dose d’incertitude politique rarement observée en France. La trajectoire de la dette globale et du déficit n’est tout simplement pas tenable dans les années qui viennent : les marchés ne font pas de politique, ils ne seront rassurés que lorsqu’ils auront des « garanties » suffisantes de la part des forces politiques en présence que leur programme économique est pro-croissance et compatible avec la soutenabilité de la dette.