par Charlotte de Montpellier, Senior Economist chez ING
La production industrielle s’est repliée dans la plupart des branches en août. Les ventes au détail ont également été très faibles sur le mois, pointant vers un affaiblissement de l’économie française au cours du troisième trimestre. Les risques d’une croissance du PIB négative au troisième trimestre ont augmenté.
Repli de la production industrielle
La production industrielle s’est repliée en août, baissant de 0.3% sur le mois. La production manufacturière est également en chute, de 0.4% sur le mois. En outre, les chiffres de juillet ont été nettement révisés à la baisse, perdant 0.3 point. Le repli est net sur le mois d’août dans la plupart des branches d’activités, notamment l’industrie agro-alimentaire, la fabrication de biens d’équipement, la construction et la fabrication d’autres produits industriels, effaçant complètement les rebonds de juillet. En revanche, la fabrication de matériels de transports continue de rebondir (+3.5% sur le mois), tout comme les industries extractives, énergie et eau. Sur un an, la production manufacturière est en hausse de 0.5%, mais reste en très forte baisse dans les branches intensives en énergie (-34% sur un an pour la sidérurgie, -18% pour la fabrication de papier/carton et -11% pour la production de produits chimiques).
Les risques d’une croissance négative du PIB au T3 en hausse
Globalement, ce rapport n’est pas bon et indique un ralentissement encore plus prononcé de la dynamique industrielle, comme le laissaient entendre les enquêtes auprès des entreprises. Les données des ventes au détail pour le mois d’août publiées hier par Eurostat ne sont pas plus encourageantes. Les ventes au détail en volume ont diminué de 2.8% en août en France, après une chute de 0.3% en juillet.
Les deux indicateurs d’activités dont nous disposons à ce stade pour le mois d’août pointent donc vers un affaiblissement de l’économie française au cours du troisième trimestre. L’on sait que la saison touristique estivale a été plutôt bonne, la consommation des services a donc probablement été solide au cours de la période. Il n’empêche que les données sont pour le moment décevantes et que les indicateurs de confiances pointent vers un nouvel affaiblissement en septembre. Dans ce contexte, les risques d’une croissance du PIB négative au troisième trimestre ont augmenté.
A ce stade, il est difficile d’identifier des éléments qui pourraient conduire à un rebond de l’activité au quatrième trimestre, ou en début de 2024. L’inflation fait de la résistance et les récentes hausses des prix de l’énergie impacte le pouvoir d’achat des ménages. Pour le moment, il n’y a pas de signes que les hausses de salaires et la résistance du marché du travail conduisent à une reprise de la consommation. Les taux d’intérêts élevés continuent de décourager les investissements des ménages et des entreprises, et la récente hausse des taux à long terme plombe encore un peu plus le contexte budgétaire. La croissance économique mondiale a plutôt ralenti ces derniers mois, ce qui risque de peser sur les exportations. La croissance économique française des prochains trimestres s’annonce donc faible. Nous tablons sur une croissance de 0.8% en 2023 et de 0.6% en 2024, une prévision bien plus faible que l’hypothèse du gouvernement pour établir le budget 2024 (1.4%).