par Charlotte de Montpellier, Senior Economist chez ING
L’inflation a augmenté plus qu’attendu en France en mars, pour atteindre 4.5%. Un chiffre qui n’avait plus été observé depuis les années 80, mais qui reste bien plus faible que dans les pays voisins. L’inflation va continuer à augmenter dans les prochains mois, avant de diminuer nettement.
C’était attendu, mais la hausse a été encore plus importante que prévue. En France, les prix à la consommation ont augmenté de 4.5% sur un an en mars 2022, selon l’estimation de l’INSEE, contre 3.6% en février. La principale raison est la hausse des prix de l’énergie, de 28.9% sur un an, mais la croissance des prix de l’alimentation (+2.8% sur un an) et celle des services (+2.3%) s’accélèrent également.
L’indice des prix harmonisé, qui est important pour la BCE, augmente de 5.1%. Un chiffre historiquement élevé, mais toujours bien plus faible que ceux observés dans les autres pays européens au mois de mars, notamment en Allemagne (7.6%), en Espagne (9.8%) et en Belgique (8.3% pour la mesure nationale). Cette différence s’explique par les mesures mises en place par le gouvernement français pour limiter fortement l’augmentation du prix de l’énergie limitant ainsi la hausse de l’inflation. L’INSEE estime que, en février, ces mesures ont permis à l’inflation d’être 1.5 points de pourcent plus faible que ce qu’elle n’aurait été sans celles-ci. L’effet est probablement similaire pour le mois de mars et pour les suivants.
L’inflation devrait dépasser 5% dans les prochains mois, avant de diminuer nettement
Pour les prochains mois, nous nous attendons à une inflation qui continue d’augmenter, poussée par les prix de l’énergie et de l’alimentaire, mais aussi par des pressions inflationnistes qui se généralisent de plus en plus à tous les secteurs de l’économie. La barre des 5% pour l’indicateur national d’inflation pourrait être dépassée au deuxième trimestre, même sans augmentation supplémentaire des prix de l’énergie. En effet, tous les indicateurs auprès des entreprises indiquent qu’elles s’attendent à fixer des prix plus élevés dans les prochains mois.
Cela étant, il est probable que le pic d’inflation soit proche et que l’inflation se mette à rediminuer rapidement d’ici quelques mois, probablement dès l’été. En effet, la forte hausse de l’inflation observée actuellement pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et impacte négativement le consommation. Conjugué au choc de confiance induit par la guerre en Ukraine, cela va conduire l’économie française à fortement ralentir. Nous estimons qu’un trimestre de croissance négative du PIB n’est pas à exclure. La demande va donc de perdre de son dynamisme, ce qui va impacter le pouvoir de fixation de prix plus élevés par les entreprises, limitant les tensions inflationnistes. Nous prévoyons que l’inflation s’établira au- dessus de 4% en moyenne pour l’année 2022, mais redescendra ensuite rapidement etdemeura en-dessous de la barre des 2% en 2023.