par Olivier Bizimana, économiste au Crédit Agricole
La première estimation du PIB en France montre que l’activité s’est encore fortement contractée au 1er trimestre 2009 (-1,2 % t/t). La demande intérieure (hors stock) s’est effondrée, essentiellement du fait du repli de l’investissement des entreprises et des ménages. La consommation privée a stagné. Les exportations se sont également repliées. Le recul de l’activité a été amplifié par les variations de stock, avec une contribution négative de 0,8 point de pourcentage.
Les indicateurs avancés suggèrent que le point bas de l’activité a sans doute été atteint à la fin du 1er trimestre. Les enquêtes de confiance portant sur le mois d’avril indiquent en effet un léger redressement du climat des affaires dans la plupart des secteurs, en particulier l’industrie. Ce mouvement intervient toutefois à partir de niveaux très bas, de sorte que s’il se confirme au cours des prochains mois, il traduirait davantage une moindre dégradation de l’activité qu’une vraie reprise. Nous prévoyons un nouveau recul du PIB au deuxième trimestre (-0,5 % t/t) et une stagnation de l’activité au second semestre. Sur l’ensemble de l’année 2009, le PIB reculerait de 3 % en moyenne.
Comme anticipé, l’activité en France s’est encore fortement contractée au 1er trimestre 2009. La première estimation du PIB est ressortie à -1,2 % t/t. Par ailleurs, les chiffres de croissance du PIB des trimestres précédents ont été révisés à la baisse. La croissance du PIB (t/t) a ainsi été révisée de -0,3 point au troisième trimestre et de -0,4 point au quatrième trimestre 2008. A l’instar de ses voisines européennes, l’économie française est donc entrée en récession technique (définie comme deux trimestres consécutifs de croissance négative) au 3e trimestre 2008. Ces révisions à la baisse portent la croissance annuelle moyenne pour 2008 à 0,3 % (contre 0,7 % auparavant).
Dans l’ensemble, le détail des comptes nationaux ne révèle pas de grande surprise. Tous les moteurs de la croissance sont en effet restés éteints. La demande domestique s’est encore repliée, essentiellement sous l’effet de la chute de l’investissement. La formation brute de capital fixe des entreprises non financières a en effet reculé de 3,2 % t/t, après –2,7 % au T4 2008.
Ce repli était prévisible, compte tenu de la poursuite de la baisse des taux d’utilisation des capacités de production et de la chute de la confiance des chefs d’entreprises sur les trois premiers mois de l’année.
L’investissement des ménages a également poursuivi sa tendance baissière (-1,5 % t/t, après -2,6 % au T4 2008), en lien avec la correction en cours du marché de l’immobilier. La consommation privée a en revanche continué à progresser, au même rythme que le trimestre précédent (+0,2 % t/t). Cette résistance de la consommation s’explique sans doute par l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, en lien avec la forte modération des prix. Au total, la demande intérieure (hors stock) a contribué négativement à la croissance du trimestre, à hauteur de 0,4 point.
La contribution du commerce extérieur à la croissance a été nulle. Les exportations se sont encore fortement repliées (-6 % t/t après -4,6 % au T4 2008), en lien avec l’effondrement de la demande chez nos principaux partenaires commerciaux, en particulier européens. Le PIB allemand a en effet reculé de 3,8 % t/t au 1er trimestre, tandis que le PIB espagnol a enregistré sa plus forte contraction depuis les années 1970 (-1,8 % t/t). Les importations ont également continué à baisser (-5,4 % t/t après -3 %).
Enfin, comme au trimestre précédent, le recul de l’activité a été amplifié par les ajustements des stocks.
Les variations de stocks ont ainsi amputé la croissance du trimestre à hauteur de 0,8 point de pourcentage (après -0,7 point au T4 2008). Ce mouvement était largement attendu, compte tenu notamment de l’ampleur de la chute de la production industrielle observée depuis le début de l’année. Au total, l’acquis de croissance pour l’année 2009 à la fin du premier trimestre s’élève à – 2,5 %.
Vers une moindre dégradation de l’activité au 2e trimestre
Les indicateurs avancés suggèrent que le point bas de l’activité a sans doute été atteint à la fin du premier trimestre 2009. Les enquêtes de confiance portant sur le mois d’avril indiquent en effet un léger redressement du climat des affaires dans la plupart des secteurs d’activité. Le rebond des indices de confiance est surtout notable dans l’industrie. Il s’agit sans doute, en partie, d’une correction technique, le climat des affaires ayant davantage baissé dans ce secteur.
En outre, les composantes les plus avancées de l’enquête industrie (perspectives personnelles, commandes) pointent toujours un recul de la production dans le secteur au cours des prochains mois. Plus globalement, il convient de rester prudent dans l’interprétation des mouvements récents des enquêtes de confiance, dans la mesure où la légère amélioration constatée porte seulement sur un seul mois. De plus, ce mouvement intervient à partir de niveaux très bas, de sorte que, même s’il se confirme au cours des prochains mois, il traduira davantage une moindre dégradation de l’activité qu’une vraie reprise. Notre indicateur avancé, basé sur les indicateurs du climat des affaires dans les principaux secteurs d’activité (industrie, services et bâtiment), pointe d’ailleurs un recul du PIB au 2e trimestre légèrement moins marqué qu’au trimestre précédent (–0,5 % t/t contre -1 %t/t au T1).
Au total, dans ce contexte, nous prévoyons un nouveau recul du PIB au 2e trimestre, mais moins important que le trimestre précédent, de l’ordre de – 0,5 % t/t. Nous anticipons une stabilisation de l’activité à partir du second semestre 2009, avec une croissance trimestrielle du PIB autour de zéro en moyenne. Sur l’ensemble de l’année 2009, le PIB reculerait donc de 3 % en moyenne. La baisse par rapport à notre prévision initiale pour 2009 (-2,5 %) tient essentiellement à la révision à la baisse des chiffres du second semestre 2008. Par ailleurs, à court terme, notre scénario central reste entouré de plusieurs aléas. En particulier, l’ampleur des ajustements des stocks et de l’investissement au cours des prochains trimestres reste difficile à estimer. Par ailleurs, les marchés financiers ne sont pas encore stabilisés, ce qui pèse sur les conditions de financement.