Par Philippe Waechter, Chef économiste chez Ostrum AM
L’allure du PIB en 2020 va dépendre de trois facteurs. La durée du confinement, l’ampleur de la baisse d’activité pendant ce confinement et la vitesse à laquelle cette activité va converger vers ses capacités de 2019.
Le PIB français pourrait reculer de 8 à 10% en 2020. Ces chiffres inédits par leur ampleur méritent une explication. L’allure présentée s’applique aux pays développés dans lesquels il y au confinement. Les chiffres français utilisés sont utilisés pour fixer les idées.
Au cours de l’année 2020, il y aura trois phases.
La première est celle qui précède la crise sanitaire et va jusqu’au 16 mars. L’économie a une allure similaire à celle de 2019, aux évolutions cycliques près.
La deuxième phase est celle du confinement. Elle démarre le 17 mars et s’est arrêtée le 10 mai. Pendant cette période, selon l’Insee, l’économie utilise environ 65% de ses capacités. Elle est donc 35% au dessous de sa trajectoire de 2019. (Ces chiffres sont ceux de la France. Ce ne sont pas forcément ceux des autres pays. L’institut de Kiel en Allemagne considère que les capacités sont utilisées à hauteur de 80 à 85%).
La troisième phase est celle du déconfinement. Elle a commencé le 11 mai. L’économie va progressivement converger vers ses capacités de 2019 (je ne fais pas l’hypothèse d’un nouveau confinement en raison d’une vague 2 de la pandémie). Il y aura une nouvelle étape en juin (ou juillet) lorsque les lieux de distractions (bar, restaurants,…) rouvriront. La convergence vers les capacités de 2019 pourrait alors s’accélérer. On peut illustrer ces étapes par un graphe. (Ce graphe n’a qu’une valeur heuristique pour bien comprendre les différentes phases et l’impact du confinement sur le niveau de l’activité. Il se termine volontairement sur le niveau 100 de 2019).
L’ampleur de la récession de 2020 est donc fonction de la durée du confinement, de l’ampleur de la baisse d’activité durant celui ci et de la vitesse à laquelle l’économie convergera vers ses capacités de 2019.
La grande inconnue désormais est cette vitesse de convergence. C’est toute la question posée sur la vitesse à laquelle il faut déconfiner, sur la réaction des acteurs économiques, sur l’allure du marché du travail et sur le plan de relance nécessaire pour que les consommateurs retrouvent le chemin des boutiques et les entreprises celui de l’investissement et de l’emploi.