par Rebecca Chesworth, Stratégiste ETF actions chez SPDR
Ce qui retient l'attention ici, c'est la rapidité avec laquelle ce krach s'est produit, et ce, quelques semaines seulement après des sommets historiques. La crise provoquée par le virus COVID-19 a fait basculer la plupart des indices boursiers mondiaux, mettant notamment fin au plus long rallye haussier des actions américaines historiquement enregistré.
Les actions sont devenues encore plus volatiles ces derniers jours. Le S&P 500 a par exemple perdu de 9% le jeudi 12 mars, puis regagné 9% le vendredi 13 avant de reperdre 12% le lundi 16 mars. C’est la première fois depuis 1929 que le S&P enregistre trois mouvements consécutifs de 9% (ou plus) à la hausse ou la baisse sur plusieurs jours consécutifs. Trois jours, c'est le record.
Comment ce krach affectera-t-il les Etats-Unis par rapport aux autres marchés ?
Jusqu'à présent, ce krach a plus impacté les actions européennes que les actions américaines (et les actions européennes ont même été plus touchées plus que celles des marchés japonais et émergents). Malheureusement, le consensus autour du premier trimestre s’accordait à dire qu’il serait celui de la reprise pour les économies européennes : l’optimisme allait donc croissant sur les actions.
À l'avenir, les performances relatives pourraient changer la donne. Le marché boursier chinois affiche notamment une performance relative relativement robuste tandis que les mesures sanitaires prises pour endiguer le virus semblent porter leurs fruits pour endiguer la contagion. Jusqu'à présent, les mesures de la Réserve fédérale et de l'administration Trump n'ont pas eu grand effet et n’ont pas réussi à apaiser les craintes qui ont émergé outre-Atlantique, ni celles des marchés boursiers américains. Les sorties et ventes d’actifs se sont accélérées, ont rajouté à la panique et exercé des pressions à la baisse sur les secteurs et les actions les plus durement touchés, notamment les compagnies aériennes, les loisirs et l'énergie.
Sur le marché américain en particulier, quels types d'entreprises peuvent offrir aux investisseurs une certaine sécurité dans cet environnement – et lesquels sont susceptibles d'être les plus risquées ?
Les mouvements désordonnés qui impactent actuellement les marchés aura des impacts sur les bénéfices de toutes les industries, et des implications à tous niveaux sur les actions et les matières premières. Seules quelques entreprises réussiront à tirer leur épingle du jeu. Certains secteurs sont désormais particulièrement risqués, notamment ceux liés à l'énergie qui souffre d'un choc d'offre provoqué par le revirement opéré par l'OPEP+ assorti de menaces d'augmenter le prix du baril de brut. Ce secteur est simultanément impacté par des changements importants du côté de la demande.
Le secteur de la santé offre encore une relative sécurité. Le secteur a surperformé depuis le début de cette crise et a même enregistré de nouvelles entrées de fonds (via les ETF sectoriels et les achats institutionnels sur les valeurs liées à la santé. Les performances et les flux récents de capitaux reflètent tout à la fois un assouplissement de la main-mise réglementaire américaine sur le secteur, car les plans des candidats progressistes pour des soins de santé universels sont moins susceptibles d'être mis en œuvre ; et les avantages potentiels que tireront certaines entreprises du secteur de la santé de la pandémie de COVID-19.
Quelle est la meilleure stratégie à adopter pour les investisseurs en actions américaines ? Faut-il rester à couvert en attendant que cela passe ?
Au cours des prochains mois, toute l'ampleur de l'impact du coronavirus sur l'économie mondiale commencera à s’éclaircir. Tout comme les effets des mesures de relance actuellement en discussion ou déjà mises en œuvre par les gouvernements et les banques centrales.
Dans un environnement incertain et volatil, garder une véritable discipline d’investissement est crucial : les investisseurs veulent notamment s'assurer qu’en portefeuille, les gains (par exemple les impacts positifs liés aux stimuli gouvernementaux) équilibreront les pertes (si les craintes sur la croissance viennent à s’intensifier encore).
Quel dénouement pour ce krach ? Et, au-delà, quel sera l’impact de l’élection présidentielle américaine de novembre sur les marchés des actions américaines ?
Nous avons appris, de l'élection présidentielle américaine de 2016, que sélectionner soigneusement les secteurs dans lesquels on investit est devenu un point clé quand on investit sur les marchés d’actions américaines et nous avions observé une augmentation des investissements dans les ETF sectoriels.
Les secteurs en jeu étaient les services financiers (réglementation des banques), l'énergie (craintes sous Clinton vs Trump), les produits industriels (« Trump heartlands »), les soins de santé (« Obamacare ») et la technologie (qui aurait certainement prospéré sous Clinton compte-tenu des performances passées du secteur pendant les présidences démocrates). Certains de ces thèmes pourraient revenir sur le devant de la scène cette année, mais de manière atténuée jusqu'à ce que nous laissions derrière nous le pic de la pandémie du COVID-19.