par Daniel Medley, Michael Browne et Steve Frost, Analystes et gérants de Martin Currie, filiale de Legg Mason
Prévue le 20 février, la réunion des ministres des Finances de la zone euro fait ressurgir le spectre de la crise de la dette grecque. En tant que gérants long/short sur les actions européennes et basés au Royaume-Uni, nous avons non seulement une idée claire de la situation, mais nous sommes également bien positionnés pour tirer parti des différents scénarios. Nous présentons ci-dessous les deux trajectoires possibles du problème de la dette grecque.
Scénario 1 : le point de basculement
Ayant remis en cause la stabilité à long terme d’un ratio de dette publique de 180 %, le FMI n’envisagera de compléter les 86 milliards d’euros que la Grèce reçoit des autres membres de la zone euro que si le pays présente un programme de réduction de la dette crédible.
Le Premier ministre Alex Tsipras a déjà déclaré qu’il n’accepterait pas de payer « un euro de plus » pour l’austérité. Tout ceci renforce les craintes d'un défaut de la Grèce si le crédit venait à s’assécher.
L’impasse pourrait bien déboucher sur des élections anticipées ce qui, une nouvelle fois, alimente les craintes d’une sortie du pays de la zone euro. La vague de populisme en Europe s’accompagne d’un sentiment anti-UE et le risque de contagion des actes de la Grèce reste bien réel.
Scénario 2 : la situation n’est pas aussi désespérée qu’elle n’y paraît
Le service de la dette grecque est l’un des plus bas d’Europe et le restera pour un long moment. Les besoins de financements bruts du pays diminueront dans les prochaines années jusqu’à devenir inférieurs à ceux de la plupart des autres membres de la zone euro à l’horizon 2020.
Les mesures récentes d’allègement de la dette à court terme prises par le Mécanisme européen de stabilité (MES) aideront également. Si le programme de réforme est intégralement mis en œuvre, la viabilité de la dette sera à portée de la Grèce.
Le Brexit et le climat d’incertitude politique a fait monter les primes de risque, mais l’Union européenne est mieux armée pour faire face à une possible sortie de la Grèce, que ce soit au niveau de l’union monétaire ou de l’institution elle-même. Qui plus est, l’UE semble bien déterminée à résoudre le problème de la dette grecque le plus rapidement possible.
Les banques sont également en meilleure posture : les tests de résistance effectués par l’Autorité bancaire européenne ont montré que le secteur bancaire de l’UE avait significativement renforcé sa base de fonds propres. Même si la Grèce est en cessation de paiements, le MES et les opérations monétaires sur titres (OMT) de la BCE visent à prévenir le risque de contagion.
Si l’Allemagne cesse d’insister sur la participation du FMI et que la dette est placée dans le MES, ce sera une victoire du pragmatisme politique sur le système fondé sur des règles.