par Caroline Newhouse-Cohen, économiste chez BNP Paribas
La France s’est engagée, cette semaine, à réduire le déficit public de EUR100 milliards en trois ans, le ramenant ainsi de 8% du PIB cette année à 3%. Côté dépenses, EUR45 milliards d’économies seront détaillées prochainement auxquelles s’ajouteraient EUR15 milliards supplémentaires provenant de l’arrivée à échéance du plan de relance de 2009. Côté recettes, le plan repose sur des hypothèses de croissance plutôt optimistes (2,5% par an à partir de 2011), laquelle devrait permettre une hausse des rentrées fiscales de 35 milliards.
Compte tenu des risques que la croissance reste faible, il est possible que d’autres mesures soient nécessaires pour respecter l’échéance de 2013. Par ailleurs, la réforme des retraites dont le projet vient d’être finalisé (relèvement de 60 à 62 ans pour l’âge légal du départ en retraite en 2018 et de 65 à 67 ans pour bénéficier de la pension à taux plein en 2023) fait partie intégrante du plan d’assainissement des finances publiques. Elle devrait, selon Bercy, permettre de réduire le déficit public d’un demi point de PIB dès 2013, l’effet se faisant pleinement sentir en 2020, avec un réduction du déficit de 1,9 point de PIB.
Les efforts affichés par la plupart des pays de la zone, en matière de consolidation, efforts pourtant nécessaires et réclamés par les marchés financiers, inquiètent désormais ceux-ci en raison de l’effet défavorable sur la demande interne. Ces inquiétudes ont été ravivées par la victoire électorale du parti flamand NVA en Belgique.
Par ailleurs, le nouvel abaissement de la note de la Grèce par Moody’s et des rumeurs croissantes, démenties depuis, selon lesquelles l’Espagne s’apprêterait à faire appel au plan de stabilisation financière de l’Union européenne, ont contribué à l’élargissement de l’écart entre les obligations d’Etat espagnol à dix ans et le Bund de même échéance à plus de 225 points de base en fin de semaine. De fait, les banques espagnoles semblent avoir des difficultés croissantes à se refinancer sur le marché interbancaire et se tourneraient plutôt vers la Banque centrale européenne. Pour calmer les marchés financiers, la Banque centrale d’Espagne a annoncé qu’elle publierait le résultat des stress tests effectués sur son système bancaire.
Dans ce domaine, les dirigeants de l’UE, réunis à Bruxelles, se sont aussi engagés à rendre publics les stress tests pays par pays et banque par banque d’ici à fin juillet. En particulier, la valorisation des actifs immobiliers des banques espagnoles sera déterminante. Pourtant, tout en annonçant l’abaissement de la note de la Grèce de A3 à Ba1 (non investment grade), Moody’s a rappelé que le plan d’aide européen a éliminé de fait tout risque à court terme d'un défaut de liquidité. En effet, l’aide financière totalise EUR110 milliards sur trois ans, dont EUR80 milliards apportés par les Etats membres et EUR30 milliards par le FMI, permettant ainsi à la Grèce de se refinancer « hors marché » pendant près de trois ans. Par ailleurs, le plan prévoit, en contrepartie des prêts accordés, des mesures d’assainissement des finances publiques, s’élevant à EUR30 milliards sur trois ans. Celles-ci devraient permettre de ramener le déficit budgétaire autour de 3% du PIB d’ici à la fin de l’année 2014. Pour l’heure, ces objectifs bien qu’ambitieux ne semblent pas irréalistes. Ainsi, le ministère des Finances grec a-t-il annoncé que le déficit s'est établi à EUR8,97 milliards de janvier à mai, contre EUR14,65 milliards au cours de la période équivalente de 2009. Cette réduction de 38,8% est supérieure à la baisse de 35,1% prévue, rendant tout à fait atteignable l’objectif de réduction de EUR13 milliards la première année.
Les dirigeants de l’Union européenne, réunis jeudi à Bruxelles, se sont engagés à renforcer la gouvernance européenne à 27 et non à 16. En outre, les sanctions appliquées aux pays laxistes devraient être durcies selon des modalités qu’il reste encore à définir.