par Yannick Jamot, Gérant sous mandat chez VEGA IM
Alors que les États-Unis envoyaient en fin de semaine dernière leurs émissaires en Chine pour tenter de faire avancer les négociations, les marchés ont mis entre parenthèses le risque de conflit commercial et se sont focalisé sur les données d’inflation avec de nombreuses statistiques de part et d’autre de l’Atlantique.
En zone euro, tout d’abord, l'inflation a baissé de manière inattendue en avril, à 1,2 % alors que les économistes pensaient qu’elle resterait stable par rapport à mars, à 1,3 %. En excluant les éléments volatils que sont les produits alimentaires non transformés et l'énergie (c’est-à-dire l'indicateur d'inflation privilégié par la BCE), la hausse des prix n'a été que de 1,1 % le mois dernier contre 1,3 % en mars et une prévision des économistes de 1,2 %. A l’exception de la France, le constat d’un ralentissement de la dynamique des prix est partagé dans l’ensemble des pays, y compris en Allemagne alors que le marché de l’emploi y est particulièrement tendu et que des hausses de salaires ont pu être accordées…
De plus, si le ralentissement de la croissance économique au 1er trimestre était attendu (PIB en hausse de 0,4 % sur la période janvier-mars), les derniers chiffres marquent « simplement » une stabilisation sur les niveaux actuels. La Commission européenne a bien confirmé ses prévisions de croissance mais a fait état de risques plus importants qui pèsent sur les perspectives économiques, à commencer par le protectionnisme. Autant d’éléments qui ne militent pas pour une franche accélération de la dynamique des prix à court terme !
Aux États-Unis, la situation est différente. L'indice PCE « core », l'indicateur suivi par la Réserve fédérale pour mesurer l'inflation, a affiché une progression annuelle de 1,9 %, au plus haut depuis février 2017. Les composantes prix des indices ISM continuent également de progresser. Pour autant, les intervenants n’ont pas détecté dans le communiqué de la Fed, publié après sa réunion de politique monétaire, d’indices susceptibles d’anticiper un changement dans le rythme de hausses des taux à venir. La publication du rapport sur l’emploi n’a pas eu non plus d’effet sur les taux longs américains rassurés par une hausse du salaire horaire de 0,1 % sur un mois, après un gain de 0,2 % le mois précédent.
Au total, si l’on savait l’économie américaine plus avancée dans le cycle économique que la zone euro, les données les plus récentes pointent vers une divergence de plus en plus nette quant au timing de la normalisation monétaire, qui semble se décaler dans le temps pour le Vieux Continent.
C’est d’ailleurs le message renvoyé par le marché des changes, en achetant du dollar jusqu’à atteindre 1,19 contre euro vendredi, la monnaie unique effaçant ainsi l’ensemble de ses gains annuels. Ce mouvement a sans doute été amplifié par des rachats de vendeurs à découvert sur le dollar dont les positions étaient, il y a encore quelques semaines, à des niveaux records. Cette hausse du billet vert permet pour la 2e semaine consécutive aux actions européennes de surperformer leurs homologues américaines. Le momentum des résultats reste pourtant très favorable à cette zone, mais les marchés, dans leur rôle d’anticipation, voient dans la baisse de l’euro une source potentielle de révision haussière des bénéfices par action des sociétés exportatrices.
Plus forte hausse toutes classes d’actifs confondues en 2018, le pétrole a poursuivi son mouvement haussier dans l’attente de la décision du Président américain, le 12 mai prochain, quant au rétablissement éventuel des sanctions économiques américaines contre la République islamique d’Iran.
Enfin, dernière des « FANG » à publier ses résultats : Apple a fini la semaine sur un gain de 3,92 % à 183,83 dollars, après un record de 184,25 dollars en séance, dopé par de nouveaux investissements de la part de Berkshire Hathaway, la société d'investissement de Warren Buffett.