par Lukas Daalder, stratégiste chez Robeco
Même si les statistiques publiées aux États-Unis ces derniers mois ont été peu convaincantes, les marchés d’actions américains connaissent une reprise continue depuis la fin août. Cette hausse des cours s’explique principalement par le fait que la Réserve Fédérale a exprimé son intention de prendre de nouvelles mesures pour stimuler l’économie, si cela s’avérait nécessaire. Cette déclaration a fonctionné comme un plancher pour le marché : si des chiffres meilleurs que prévu sont publiés, il devrait connaître une hausse car l’économie est en phase de reprise ; si ces chiffres sont inférieurs aux prévisions, le marché devrait tout de même connaître une hausse puisque cela incitera la Fed à prendre de nouvelles mesures. Nous précisons que nous préférons la première option.
L’économie américaine s’affaiblit
Si nous observons les données publiées le mois dernier, il est clair que l’économie américaine a enregistré une croissance ralentie en août et en septembre. Même si les chiffres ne sont pas franchement mauvais – rien n’indique un double creux – dans l’ensemble, on constate une faiblesse sous-jacente. Le marché de l’emploi, en particulier, semble toujours inerte; au global 150 000 emplois ont été supprimés au cours des deux derniers mois. Les gens se concentrent déjà sur les élections de mi-mandat, prévues en novembre, durant lesquelles les Républicains devraient enregistrer des résultats nettement meilleurs. La politique du gouvernement ne devrait pas changer de manière considérable avant cette échéance.
Un calme tendu en Europe
Le mois dernier, nous avons constaté une fois de plus des tensions croissantes dans la zone euro. Le gouvernement irlandais a annoncé qu’il devait intervenir pour empêcher un effondrement de son secteur bancaire, qui pourrait entraîner un creusement du déficit budgétaire jusqu’à 32 % du PIB en 2010. Ajoutez à cela la forte divergence concernant les perspectives de croissance dans la zone euro – des données solides en Allemagne et dans les autres grands pays, mais des données décevantes et négatives dans les pays du Sud – et il est clair que le marché adopte une attitude attentiste. En gardant à l’esprit le plan de sauvetage actuel, les risques à court terme nous semblent limités, mais le plan n’offre toujours pas de solution aux problèmes structurels.
Correction de l’économie japonaise
L’économie japonaise semble elle aussi s’être affaiblie ces derniers mois. Elle est principalement menacée par l’appréciation continue du yen. La croissance économique du Japon repose en effet largement sur le secteur des exportations, qui a de plus en plus de mal à être compétitif avec un yen aussi élevé. La banque centrale japonaise a déjà tenté de limiter la hausse du yen en intervenant (en vendant la devise) et en annonçant de nouvelles mesures monétaires, mais ces actions n’ont eu qu’un effet temporaire. Nous devrons attendre pour savoir comment l’économie japonaise réagira à l’appréciation du yen.
Les obligations atteignent des niveaux record
La déclaration de la Fed, qui se dit prête à stimuler davantage l’économie américaine, a aussi soutenu le marché obligataire. On s’attend à ce que les banques centrales des pays développés maintiennent leurs taux à un niveau extrêmement bas pendant un certain temps, ce qui a entraîné une nouvelle chute du rendement des obligations d’État. Si nous pensons que les taux des marchés des capitaux sont actuellement trop faibles, nous ne prévoyons pas de correction importante dans un futur proche.