par Nils Bolmstrand, PDG de Nordea Asset Management
La pandémie du coronavirus constitue une crise de santé publique dont les effets sont exponentiels sur l'économie et les marchés. C'est un défi dramatique pour la société qui a suscité de nombreuses questions, entre problématiques de chaîne d'approvisionnement, de biodiversité et les défis des entreprises pharmaceutiques. Des sujets comme ceux-ci relèvent de la sphère ESG. Il était clair au début de cette crise que nous étions confrontés à une menace pour nos vies et nos moyens de subsistance. Par conséquent, comme pour d’autres secteurs, il a fallu notamment s’interroger sur la faculté de l’industrie de la gestion d’actifs à tenir ses objectifs de développement durable et sa feuille de route en matière d’ESG.
Les discussions avec les clients investisseurs, ainsi que la prise en compte des propos émanant des politiciens, confirment évidemment que les entreprises de tous secteurs sont en quête d’une reprise économique verte. Les enjeux ESG sont encore plus vitaux aujourd'hui qu'avant la crise.
Plus globalement, la crise sanitaire ne fait qu’accélérer l’essor de l’investissement responsable et durable : cette tendance continuera d'être forte, car elle résonne de mieux en mieux auprès des nouvelles générations d'investisseurs. Il faut s’attendre à voir beaucoup de changements dans les toutes prochaines années – d'autant que les politiciens, face au Covid-19, sont entrés dans l’arène sanitaire, environnementale, sociale et économique avec beaucoup plus de vigueur qu'auparavant – ce qui conduira probablement à de nouvelles réglementations.
L’intégration des critères ESG va devenir la norme dans l’industrie de la gestion d’actifs
Plus précisément, deux tendances principales sont en train d’émerger pour nos métiers de gérants d’actifs. Premièrement, l'intégration des risques ESG dans le mode de pensée du gestionnaire de portefeuille deviendra la norme et nous en sommes convaincus depuis longtemps. Deuxièmement, nous allons assister à une évolution continue de l'impact. Non seulement les clients voudront savoir comment les asset managers s’engagent, mais ils voudront également connaître l'impact et les résultats concrets de cet engagement. Un impact quantifiable devra être démontré. Il devient donc essentiel pour nous de publier des métriques ESG dans le cadre des portefeuilles proposés aux investisseurs, un aspect fondé sur des capacités de recherche et d’analyse propriétaires, qui constitue aujourd’hui un avantage concurrentiel discriminant. Au même titre que la capacité à proposer des solutions d’investissement et services innovants, entre construction de portefeuille sur mesure intégrant pleinement les critères extra-financiers et « proactivité ESG » dans la grille de lecture des équipes de gestion.
Notons enfin que de plus en plus d’acteurs de la gestion d’actifs voient peu à peu leur approche et leurs pratiques converger en matière d’ESG. C’est vraiment une évolution positive, car nous pouvons effectuer beaucoup plus de changements ensemble que nous ne le pouvons seuls.