par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé chez Amplegest
En dépit de la reprise progressive de la pandémie du coronavirus dans différentes régions du monde, les grandes économies ont globalement retrouvé le chemin de la croissance.
L’activité reste toutefois inégale entre les pays et les secteurs. Selon l’évolution prochaine du virus, ces différences s’accentueront ou, au contraire, un retour à la normale rapide s’amorcera. Les pays les plus dépendants des services (France, Espagne…) seront les gagnants à court terme en cas d’arrêt de la propagation de l’épidémie (vaccin, traitement).
La Chine est le meilleur exemple de l’impact sur la croissance d’une amélioration sanitaire durable. En Chine, tous les voyants sont au vert et beaucoup d’indicateurs sont aujourd’hui au-dessus de ce qu’ils étaient avant l’apparition du virus. La croissance devrait être positive en 2020 (de l’ordre de 2%), alimentée par une industrie solide et par des services qui se reprennent progressivement. Cette situation était inespérée il y a quelques mois.
Cet appel d’air consécutif à l’amélioration de la situation sanitaire s’est également produit aux Etats-Unis et en Europe. Mais la situation reste plus fragile qu’en Chine car le virus continue de se propager, à des rythmes divers, pesant sur la confiance des acteurs économiques et, plus spécifiquement, sur l’ensemble du secteur des services (tourisme, loisirs, culture…). Le taux d’épargne des ménages n’a cessé de s’accroître depuis plusieurs mois, formant un réservoir important de consommation future.
Les dernières statistiques américaines nous confortent dans notre opinion plus positive. Les deux fers de la croissance actuelle sont la consommation (hors services) et l’immobilier. Les stocks de logements existants sont aujourd’hui très bas outre Atlantique, laissant augurer d’une activité soutenue dans ce secteur avec sans doute une augmentation des prix à la clé. D’ici à l’élection présidentielle du 3 novembre un accord entre les démocrates et les républicains sur le plan de relance accroîtrait les perspectives économiques. L’issue du scrutin présidentiel est aujourd’hui très incertaine alors qu’il est difficile d’établir quel serait le meilleur scénario pour l’économie américaine et pour les marchés financiers.
L’Europe poursuit sa reprise économique à des rythmes variables. Les perspectives à court terme sont certainement amoindries par le réveil de la Covid-19. Mais nous n’envisageons pas de retour à la récession. Les gouvernements et les Banques Centrales sont vent debout pour souffler dans les voiles, permettant de freiner les effets récessifs de la pandémie. L’absence d’inflation rend possible cette politique très expansionniste même si l’augmentation rapide des déficits et de la dette sont un sujet plus inquiétant à moyen terme.
La reprise du virus s’est accompagnée d’un retour de la volatilité sur les marchés financiers. Au gré des nouvelles sur le nombre de malades et sur l’espoir d’un traitement rapide, les marchés oscillent avec davantage d’amplitude qu’il y a quelques semaines. Même le secteur des valeurs technologiques américaines, après un fort rallye d’été, a subi des prises de bénéfices soudaines avant de vite se reprendre. Aujourd’hui, les valeurs cycliques, pétrolières, foncières et financières sont les grandes perdantes de la crise sanitaire. L’annonce d’un traitement ou d’un vaccin serait certainement suivie d’un retour en grâce de ces valeurs aujourd’hui très faiblement valorisées. Il faudra savoir être agile et réactif. D’ici là, nous tenons nos allocations avec un investissement concentré essentiellement sur de belles valeurs de croissance et sur des petites et moyennes sociétés qui font preuve d’une belle résilience.