par Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Délégué en charge des Gestions chez OFI AM
A l’heure où nous écrivons ces lignes, la probabilité de sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus infime, et il faut donc envisager désormais cette éven- tualité que nous ne privilégions pas. Mais quelle que soit l’issue des négocia- tions en cours, le sujet principal est désormais politique (ce qui n’est pas notre spécialité), et l’Europe va avancer : en cas de « Grexit », les pays de la zone euro auront ainsi un exemple concret à étudier et ils pourront dès lors choisir leur chemin futur. Sinon, du côté de l’Europe, il sera désormais temps de prendre des mesures pour ne plus subir cet affront de refus de réformes qui est moralement difficile à accepter quand on doit autant d’argent à ses créanciers généreux et bienveillants jusqu’à présent.
La construction de l’euro est en effet bancale et il faut avancer réellement vers les conditions indispensables à la survie d’une monnaie commune : harmo- nisation des politiques économiques, fiscales, droits du travail et des affaires… Il est compréhensible qu’aucun diri- geant actuel ne souhaite prendre la responsabilité de la sortie d’un pays, mais si l’Europe n’avance pas dans cette direction, alors il faut réellement penser à la disparition de l’euro.
Sur le plan économique et financier, les enjeux sont connus et paraissent « gérables » : la Grèce ne représente qu’environ 2% de l’économie euro- péenne et sa dette totale (obligations gouvernementales et créances diverses) avoisine 500 milliards d’euros, ce qui représente près de 3.5% de la dette cu- mulée des Etats souverains de la zone euro. Pour le seul cas de la France, la créance est de l’ordre de 50 milliards, alors que notre dette s’élève à près de 2000 milliards d’euros et que nous avons « fabriqué » environ 700 milliards de déficit (qui viennent alimenter ce stock de dette) depuis 5 ans… alors, 50 milliards à étaler sur plusieurs années, cela parait mineur.
Ceci dit, à court terme, les marchés vont être très volatils car les effets psycholo- giques seront majeurs et la construction européenne sera lente et progressive : les taux peuvent monter dans la perspec- tive de devoir refinancer 500 milliards supplémentaires et les « spreads » entre les dettes souveraines vont continuer à s’ajuster selon les qualités intrinsèques de chaque pays. Les élections natio- nales seront également suivies avec grande attention et source de volatilité (Espagne à la rentrée). Tout devient donc possible et dépend du politique, ce qui n’est pas aisé. Nous privilégions toutefois le scénario du « cas isolé » pour la Grèce (qui fera probablement défaut) et estimons que les dettes péri- phériques « core » (Italie, Espagne) vont offrir des opportunités intéressantes dans cette phase volatile que nous allons traverser.
En ce qui concerne les actions, les mar- chés seront probablement également très volatils, mais gardons à l’esprit que les entreprises qui composent les indices boursiers ont peu à voir avec la Grèce : leurs chiffres d’affaires sont mondiaux et même si les marchés domestiques européens peuvent être affectés par une peur de l’inconnu liée aux aléas de l’euro, cela risque d’être provisoire. Il y aura donc des opportunités d’achats, comme à l’occasion du trou d’air de l’été 2011 pour ceux qui ont investi durant cette période, la performance de l’indice Eurostoxx 50 est de près de 85%…