par Christophe Donay, Responsable de l’allocation d’actifs et de la recherche macroéconomique chez Pictet Wealth Management
La phase d’expansion du cycle économique a débuté il y a près de neuf ans aux Etats-Unis et dans certains pays émergents. C’est la deuxième plus longue phase de croissance dans l’histoire moderne américaine après celle des années 1960. Or, depuis environ deux ans, le débat sur l’imminence d’une récession revient lors de l’établissement des scénarios annuels. Cette année ne fait pas exception.
Nous ne voyons pas de récession se profiler. Une fois de plus, pour 2018, nous écartons de notre scénario central un renversement du cycle économique américain et l’avènement d’un marché baissier. La longueur d’une phase d’expansion n’est pas suffisante en soi pour déclencher une récession. Seule une suraccumulation, souvent dans l’investissement et le crédit, déclenche un retournement de cycle. Notre analyse de densité du cycle montre que les stigmates d’une suraccumulation restent absents.
La visibilité sur la prolongation du cycle serait améliorée si la politique économique créait un surplus de dynamique. Or, les politiques monétaires des grandes banques centrales des pays développés sont arrivées au terme de leur efficacité, la croissance et l’inflation restant sous-optimales. Idéalement, le relais doit être pris par la politique budgétaire et fiscale. C’est l’un des enjeux des baisses de l’impôt sur les sociétés annoncées par l’administration Trump. Les baisses du taux d’imposition des sociétés françaises à 25% d’ici cinq ans s’inscrivent d’ailleurs dans cette même dynamique. Mais en l’état actuel du débat législatif aux Etats-Unis, la politique fiscale ne devrait offrir qu’un soutien relatif.
La bonne nouvelle est que même sans soutien fiscal significatif, la dynamique endogène de l’économie mondiale devrait suffire à une poursuite du scénario de croissance sans inflation. Jamais, depuis la bulle internet, aussi peu de pays dans le monde n’ont été en état de déflation ou de récession. Il y a donc diffusion de la croissance à l’ensemble de la planète. La dynamique européenne est, pour une fois, la plus forte.
C’est un signal constructif pour les marchés actions en 2018. Certes, sans se situer à des niveaux de bulle, les valorisations des marchés actions développés sont tendues (17,5x pour le S&P 500 et 14,5x pour le Stoxx Europe 600). A partir des niveaux actuels, deux conclusions apparaissent. D’une part, un potentiel de hausse existe à concurrence de la croissance des profits attendue en 2018, soit environ 10%, à niveau de valorisation constant. Toute baisse de l’impôt sur les sociétés, même minime, s’ajouterait au momentum de la croissance des profits des sociétés. D’autre part, il n’y a pas de place pour une quelconque déception. Nous identifions trois sources de risque : politique, géopolitique et de politique économique. Une déception se traduirait par une correction des marchés d’autant plus forte que la volatilité implicite se situe historiquement au plus bas.
Doit-on pour autant s’attendre à une hausse sensible des taux d’intérêt? Probablement pas. Les banques centrales devraient rester accommodantes à l’égard de la croissance et des marchés. Les taux long terme devraient rester inférieurs à la croissance nominale.