par Nicolas Didelot, Investment Solutions Group EMEA chez State Street Global Advisors
Après la reprise des marchés financiers en début d’année, sur fond de renégociation de la dette grecque, le second trimestre a de nouveau été balayé par le spectre de la crise. Des indicateurs économiques en léger retrait en Chine et voilà que tous les espoirs placés dans l’Empire du Milieu sont comme anéantis.
Un léger ralentissement de la croissance (à 7,5% en base annuelle tout de même) et on craint le pire pour les entreprises mondiales dont le salut ne semble plus dépendre que de la dynamique chinoise, seule véritable locomotive de l’économie mondiale. Les matières premières ont ainsi essuyé un sérieux revers sous le poids de l’incertitude concernant leur principal foyer de demande. Le pétrole WTI s’est ainsi effondré de près de 27% en moins de 2 mois, repassant sous la barre des 80 USD le baril.
Cela était sans compter avec la nouvelle tourmente au sein de la zone euro. Tout d’abord, le coup de tonnerre des élections législatives grecques en mai. Contre toute attente, les résultats des urnes, expression du ressentiment populaire, n’ont pas permis la constitution d’un gouvernement de coalition, mettant soudain en péril le fragile compromis arraché de haute lutte avec l’Union européenne. Face à cette impasse, un second scrutin a dû être organisé le 17 juin dans la précipitation, un scrutin placé sous haute tension. L’enjeu : sauver la Grèce de la faillite. Dans le même temps, la crise bancaire espagnole enflait et au fil des semaines, une évidence s’est imposée : malgré les dénégations initiales, l’Espagne ferait bien appel aux fonds de solidarité de l’Union. Alors que finalement le second round d’élections législatives en Grèce accouchait dans la douleur d’un gouvernement sous l’égide du parti Nouvelle Démocratie (centre droit) et de son leader, Antonis Samaras, un sommet de la dernière chance était convoqué dans les tout derniers jours de juin pour sauver les banques espagnoles. La décision rapide en faveur d’une recapitalisation directe du secteur a mis un terme (provisoire) à la panique. Les marchés financiers au premier rang desquels les marchés actions, soulagés, se sont envolés, regagnant tout le terrain perdu depuis mai.
Comme nous le constatons maintenant depuis des mois, la reprise demeure encore bien fragile et la zone euro devrait continuer à subir les affres de sa crise de la dette si des réformes énergiques ne sont pas mises en œuvre tant sur le plan de la maîtrise budgétaire que de la relance économique.
Malgré un vif rebond fin juin, les principaux marchés actions se sont inscrits en repli sur le trimestre en devise locale. L’indice MSCI EMU a ainsi cédé 6,26%. Du fait de la dépréciation sensible de l’euro contre les principales devises étrangères, les indices internationaux en revanche parvenaient à amortir la chute voire enregistraient de légères hausses. Le MSCI North America progressait de 1,19% en euros tandis que le MSCI Emerging Markets reculait de 4,39%. Cela dit, forts d’un début d’année solide, la majeure partie des marchés actions, y compris le segment des petites et moyennes capitalisations, s’inscrivent en hausse sur le premier semestre.
Les marchés obligataires ont été préservés, en dépit de l’agitation sur la dette souveraine.
Sur le trimestre, toutes les catégories ont progressé hormis les obligations indexées sur l’inflation. Les obligations américaines ont pris logiquement la tête surtout du fait d’un taux de change favorable. Les obligations d’entre- prises américaines ont ainsi crû de 7,47% en euros contre seulement 0,16% pour leurs homologues européennes. Les obligations souveraines zone Euro augmentaient d’un modeste 0,17% au final sur le trimestre après leur recul en juin.
Les obligations d’Etat ainsi que les obligations corporate de la zone euro ont progressé de 0,17% et de 0,16% respectivement sur le trimestre.
A l’instar des marchés actions, les matières premières ont souffert même si la faiblesse du dollar leur a été bénéfique. L’indice DJ-UBS Commodity est resté stable en euros (+0,17%) sur le trimestre mais s’est néanmoins contracté de 1,49% depuis le début de l’année. En fin de trimestre, nous avons procédé à une resensibilisation du portefeuille aux marchés actions alors que notre indicateur de régime de marché (Market Regime Indicator – MRI) revenait en régime normal. Nous privilégions les actions internationales hors zone euro et demeurons en retrait sur les actions de la zone euro. Nous restons significativement sous-exposés aux obligations d’Etat, en particulier émis par des pays de la zone euro.