par Cyrille Geneslay, Gérant Allocataire chez CPR AM
Dans l’Art de la guerre, maître Sun nous livre ses trois préceptes stratégiques permettant d’obtenir un objectif des plus ambitieux : la poursuite intelligente d’une guerre victorieuse. La stratégie est simple, et repose sur l’analyse rationnelle des différentes dimensions d’une guerre. Pour cela il faut tout d’abord évaluer le coût économique et moral de la guerre, en gardant à l’esprit que l’acmé de tout conflit est une victoire sans effusion de sang. Puis, dans un deuxième temps, il est nécessaire de rechercher votre avantage comparatif pour le faire valoir et déstabiliser votre adversaire, cette ruse vous permettant de lui ôter progressivement toute envie de combattre. Enfin, et c’est là le facteur clé de la réussite, il convient de connaître et de comprendre votre adversaire.
En maîtrisant ces trois préceptes, la Chine a réussi à naviguer avec brio dans un monde en proie à une globalisation galopante, tordant les règles de l’OMC à son avantage pour créer des déséquilibres « bénéfiques » dans les échanges internationaux. Mais l’arrivée de l’imprévisible Donald Trump a bouleversé leur compréhension du monde et de son fonctionnement. En effet, le style peu conventionnel et les manoeuvres clairement dilatoires du président américain ont mis à mal leur stratégie les poussant à prendre un peu de recul avant d’agir. Mais leur apparente passivité ne doit pas masquer les velléités hégémoniques d’un empire en manque de reconnaissance.
Après avoir annulé les négociations prévues pour fin septembre, la Chine a multiplié les signes de rapprochement avec la Russie, qu’ils soient économiques ou militaires. De leur côté, en finalisant le USMCA, les États-Unis ont bloqué toute possibilité de contournement de la part des chinois. Si nous n’anticipons pas de dérive militaire dans notre scénario de tensions commerciales (15%), nous craignons une aggravation des tensions atteignant les secteurs clés tels que l’automobile. Parallèlement, le budget italien et le risque de dégradation par les agences pourraient déstabiliser plus que de raison les marchés (15%). Enfin dans cet univers toujours plus anxiogène nous restons convaincus que la situation peut, ou plutôt, va s’arranger, c’est pourquoi notre scénario central de poursuite de la bonne dynamique mondiale reste prépondérant à 70%.