par Valentijn van Nieuwenhuijzen, Directeur de la Stratégie Monde chez NN Investment Partners
Durant les premiers mois de l’année, les investisseurs ont eu le vent en poupe grâce à la politique monétaire souple, aux solides données économiques et au raffermissement des devises. Presque toutes les classes d’actifs ont affiché des rendements positifs en euro. Avant le début de l’été, le vent a toutefois tourné lorsque le scénario d’un « Grexit » a refait surface et que le marché des actions chinoises a perdu plus de 30% en quelques semaines. Nous avons dès lors opté pour la prudence et réduit notre exposition aux actifs risqués. Les actions et l’immobilier ont été ramenés en position neutre et au sein des actions, nous avons mis fin à notre préférence pour la zone euro.
Dans les deux cas susmentionnés, le pire a été évité : un accord a été conclu avec la Grèce pour négocier un nouveau plan de sauvetage et les autorités chinoises ont adopté des mesures drastiques pour stabiliser le marché local des actions.
Cela ne signifie pas pour autant que le ciel soit tout à fait dégagé. La Grèce doit encore parcourir un long chemin parsemé d’embûches, mais elle ne devrait plus faire la une quotidiennement au cours des prochains mois. La Chine devra, quant à elle, restaurer sa crédibilité auprès des investisseurs internationaux car les récentes mesures n’ont pas vraiment constitué un exemple de marché libéralisé avec une libre circulation des capitaux. Actuellement, le négoce est toujours suspendu pour près de 20% des actions A et l’espoir d’une rapide incorporation des actions A dans l’indice MSCI semble envolé. Ceci se produit dans le cadre d’une révision persistante des perspectives de la croissance chinoise à la baisse et d’un endettement substantiel. Les plans de conversion de la dette en actions doivent pour l’instant être mis au placard.
Comme le calme est revenu – du moins temporairement –, nous avons toutefois décidé d’aligner notre répartition tactique entre les obligations d’État, les actions et l’immobilier sur les signaux positifs de nos modèles. Nous sommes donc à nouveau surpondérés en actions. Ceci est justifié par la tendance cyclique, les valorisations et l’amélioration de la dynamique des cours. Par ailleurs, les investisseurs ne sont pas excessivement optimistes : le ratio « bull/bear » est faible. Dans le sillage des actions, nous avons également adopté une légère surpondération de l’immobilier. Les fondamentaux demeurent favorables, avec notamment un redressement du marché du travail aux États-Unis, en Europe et au Japon. Même le marché immobilier chinois affiche des signes de stabilisation. En dehors des fondamentaux, l’immobilier profite aussi d’une prime de rendement car le rendement du dividende des valeurs immobilières dépasse le rendement des obligations d’entreprises de près de 200 points de base. Ceci est presque le double de la moyenne à long terme. Le principal risque à court terme est un relèvement des taux aux États-Unis, lequel est selon nous insuffisamment incorporé dans les cours obligataires américains.
Le risque d’une hausse injustifiée du taux des obligations d’État (allemandes) à 10 ans a selon nous diminué. La baisse des prix des matières premières et les faibles pressions salariales limitent les attentes inflationnistes. La politique monétaire reste souple à l’échelle mondiale. Enfin, la tendance des cours obligataires s’est améliorée. En dépit de la stabilisation en Grèce et en Chine, il n’y a pas eu de pressions haussières sur les taux, de sorte que nous nous demandons si d’autres facteurs moins visibles ne jouent pas un rôle. Nous sommes donc passés d’une légère sous-pondération à une position neutre sur les obligations d’État.
Les modifications de ces dernières semaines illustrent bien les fondements de notre répartition tactique des actifs. Nous ne suivons pas nos signaux aveuglément, mais nous nous adaptons en cas d’opportunités ou de risques inattendus. Notre approche est flexible et dynamique : si la réalité change, nous n’hésitons pas à ajuster rapidement nos positions.