par Philippe Waechter, Directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management
Après le référendum sur le Brexit, le 23 juin 2016, l’économie britannique a suivi une dynamique plus réduite. Cela a reflété notamment des changements d’anticipations sur ce qui se passera pendant et après les négociations, mieux vaut attendre que de s’engager trop vite, et des coûts d’opportunité puisque le Brexit a incité les entreprises et les investisseurs à regarder dans d’autres pays non affectés par les effets directs du référendum.
Ce changement de dynamique est visible dans le graphe ci-dessous. J’ai calculé une tendance de 2013 jusqu’au 2ème trimestre 2016. Je l’ai ensuite prolongée jusqu’au premier trimestre 2018.
L’écart à la tendance s’accroît de façon significative après le référendum. C’est le coût du Brexit pour le Royaume Uni qui a été incapable de prolonger la dynamique d’avant consultation sur la sortie de l’Union Européenne.
Le chiffre de 0.1% de croissance du premier trimestre 2018 accentue encore davantage l’écart. Cet écart va encore s’amplifier au moins jusqu’à la fin de cette année puisque l’accord sur le Brexit doit être signé par le Royaume Uni et l’Union Européenne avant fin 2018. Après on verra en fonction de l’accord mais la perte qui sera observée d’ici la fin de l’année sera permanente car les investissements qui n’auront pas été faits ne le seront jamais. L’écart continuera de s’amplifier. La seule possibilité pour le réduire et éventuellement revenir sur la tendance antérieure serait d’annuler l’opération Brexit. Cependant je n’y crois pas.
Il y a aussi un coût d’opportunité pour l’économie britannique car 2017 a été une année de croissance forte dans l’Union Européenne où les prévisions étaient systématiquement revues à la hausse. Pour mesurer ce coût d’opportunité j’ai répliqué le calcul à la France, pour laquelle on dispose aussi du PIB jusqu’au premier trimestre de 2018.
L’écart à la tendance pour les deux pays ne laissent pas de doutes: le coût d’opportunité pour le britanniques a été très élevé. La France est 1.5% au-dessus de sa tendance au 1er trimestre 2018 alors que le Royaume Uni est 2% en dessous.
Cette divergence va entraîner davantage d’investissements dans les pays de l’UE plutôt qu’au Royaume Uni car la dynamique y est plus forte créant ainsi des opportunités pour l’activité. La divergence va s’accentuer entre le Royaume Uni et l’Europe au détriment finalement des britanniques eux-mêmes.