par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé chez Amplegest
L’adaptation de l’économie mondiale à la situation sanitaire que nous connaissons depuis quelques mois est surprenante. Elle nous conforte dans un scénario macroéconomique positif pour 2021, surtout si un vaccin devait prochainement être opérationnel.
Le choc économique subi dans le monde en raison de la pandémie du coronavirus est sévère. La chute initiale du produit intérieur brut (PIB) a fait plonger la planète dans une profonde récession au premier et au second trimestre. Mais ce choc a été suivi d’une reprise rapide à la faveur de politiques monétaires et budgétaires pour une fois coordonnées et unanimement expansionnistes. La Chine, première touchée, est également la première à avoir retrouvé le chemin de la croissance avec une reprise en V. Les Etats-Unis connaissent également une reprise progressive alors même que la pandémie sévit toujours. L’activité est favorisée par une consommation solide, d’autant plus surprenante que l’épargne des ménages américains n’a cessé de progresser depuis six mois. Les indices industriels ont retrouvé le chemin de l’expansion. En revanche, le secteur des services souffre de manière durable. L’Europe connait un mouvement similaire même si, comme souvent, la reprise est moins franche et plus hétérogène qu’ailleurs. L’Allemagne, très industrielle, souffre moins que l’Espagne, l’Italie ou la France, plus dépendantes du tourisme et des services.
Au-delà de la situation économique des différents pays, ce qui est le plus frappant dans la situation que nous vivons est l’extraordinaire résistance de certains secteurs (digital, luxe, pricing power au sens large) et la fragilité de certains autres (foncières, tourisme, banques, pétrole…). La crise a accentué l’écart entre les gagnants et les perdants, ces derniers ne tenant généralement que grâce aux perfusions des Etats. Une autre leçon de cette crise est l’accélération des mutations (technologiques, sociologiques) qu’elle contribue à générer (travail à la maison, communication à distance, transports, jeux vidéo, …). Le monde d’après se dessine désormais à toute vitesse avec son lot de vainqueurs et de « victimes ».
Un marché boursier à deux vitesses
Les marchés boursiers se sont repris depuis le krach de mars dans le sillage d’une économie plus résiliente et grâce à l’abondance des liquidités venant des Banques Centrales. Le faible rendement des actifs sans risque a contribué aux flux positifs sur les actions. Toutefois, ces flux se sont concentrés sur certains secteurs, à commencer par les valeurs digitales qui ont globalement progressé depuis le début de la pandémie. En revanche, les banques, les foncières, le tourisme, les loisirs, l’aéronautique ou l’automobile ont souffert et sont désormais très faiblement valorisés. Ce marché à deux vitesses est en cohérence avec ce que les mutations évoquées plus haut nous indiquent. Cependant, une amélioration réelle et durable de la situation sanitaire (vaccin, traitement efficace…) provoquera le rebond de certains de ces secteurs au tapis.
Jouer les mouvements de court terme est très difficile avec une telle volatilité depuis la fin du premier trimestre. Vendre au plus fort de l’épidémie aurait été très pénalisant pour les portefeuilles. Nous gardons le cap et conservons un investissement relativement stable sur les actifs risqués. Nous favorisons toujours les valeurs de croissance et les valeurs digitales mais nous sommes à l’affût des secteurs les plus pénalisés lorsque les nouvelles du front sanitaire seront meilleures et inciteront les ménages à utiliser une partie de leur épargne aujourd’hui très importante.