par Jean-Pierre Grimaud, CEO AM Business chez Swiss Life Asset Managers
Cet été, le changement de cap annoncé par la banque centrale américaine a agité les marchés en provoquant simultanément une hausse des taux longs des emprunts d’état des pays développés, une baisse des marchés boursiers des pays en développement et une chute du dollar américain face à l’euro.
Dans le même temps, les états européens les plus fragiles, comme la Grèce, le Portugal ou l’Italie n’ont pas résolu complètement leurs difficultés.
Mais face aux prochaines échéances européennes, la reconstruction du projet européen s’impose alors que les populations des états membres n’en voient que les effets négatifs : hausse des prélèvements et du chômage, inflation de la réglementation. D’autant plus que les mesures techniques portées par la BCE qui ont permis de resserrer les écarts de taux entre les emprunts d’état entre les différents pays de l’Union, ont démontré leurs limites.
Un nouvel élan doit se dessiner et certaines étapes doivent être franchies au plus vite :
- Finaliser l’union bancaire dans la zone, permettant ainsi à l’autorité compétente d’avoir une vision globale du risque systémique.
- Réduire la porosité entre le bilan bancaire et la dette des états afin que les deux risques puissent de nouveau être dissociés de manière plus nette.
- Créer un véritable gouvernement économique de la zone euro, partageant des objectifs communs en matière de croissance, de trace budgétaire, de fiscalité et de taux de change de l’euro.
Ces étapes réalisées, la zone euro pourra poursuivre un développement plus serein en s’appuyant sur ses atouts: moindre stock de dette que les États Unis ou le Japon, moindre dépendance de son financement car bénéficiant d’un excédent de la balance courante et un taux d’épargne qui permettent d ́absorber une très large partie de la dette des états.
Souhaitons-nous que ces atouts servent de base à un débat européen constructif transcendant les clivages nationaux et tenant compte de ces enjeux majeurs.