par Delphine Georges et Ibra Wane, stratégistes chez Crédit Agricole AM
Après la réduction de l’aversion au risque et la hausse des multiples en 2009, la croissance des résultats devra désormais prendre le relais.
Depuis le 1er janvier, le MSCI World a progressé de 21 %. À l’exception du Japon (-5 %), les marchés occidentaux ont rebondi en ligne et les marchés émergents (+50 %) caracolaient. Toutefois, quelle que soit la région, cette envolée s’est tarie depuis mi-octobre – avec -2 % pour le Monde, -1 % pour les USA, -2 % pour l’Europe, -3 % pour les émergents et même jusqu’à -10 % pour le Japon – alors que l’économie et les résultats ont été globalement meilleurs que prévu. Comment interpréter ce hiatus et qu’adviendra t-il en 2010 ?
A posteriori, la 1ère phase de hausse, du plus bas du 9 mars au plus haut du 15 octobre, s’est déroulée grâce :
- d’une part, à la normalisation de l’aversion au risque, dont l’écart-type par rapport à la moyenne est repassé de 6 à 1,
- et d’autre part, au rebond des ratios, quel que soit l’indicateur considéré, sans pour autant, compte tenu du cycle, qu’il nous apparaisse excessif.
Mais ces deux facteurs ayant été largement consommés, ce sont désormais les résultats qui devront prendre le relais sur fond de normalisation des stimuli monétaires et budgétaires et des niveaux des taux longs.
Le marché semble entrer dans une 2ème phase de hausse, caractérisée par des rendements plus faibles et plus volatils, mais la tendance devrait rester haussière sur les actions. Avant que les stratégies de sortie de crise des autorités ne commencent à se faire ressentir, soit au minimum pas avant deux trimestres, les nouvelles positives sur les bénéfices devraient soutenir le marché.
Après -35 % depuis fin 2007, le consensus des analystes table sur un rebond des BPA (Bénéfices Par Action) d’environ 25 % en 2010 et 20 % en 2011. Ainsi, en 2011, ceux-ci ne seraient plus que marginalement inférieurs à ceux de 2007, voire supérieurs aux USA et dans les émergents : ce chiffre nous semble atteignable car ce rebond anticipé n’est pas aussi agressif qu’il y paraît :
- en début de reprise, il peut être très fort et certains brokers commencent à avancer des prévisions de l’ordre de 40 % sur 2010,
- bien que l’économie soit molle, les résultats ont positivement surpris du fait de la modération des salaires, des gains de productivité et de la croissance chinoise,
- enfin, avec de faibles effets de base dans certains secteurs (Finance, Tech, Pétrole et Matériaux), la médiane des BPA 2010 est plus proche de 10 que de 20 %, ce qui relativise d’autant le rebond.
Dès lors, si les résultats peuvent être au rendez-vous, la lisibilité et la bonne exécution des “stratégies de sortie de crise”, sera déterminante quant à l’évolution des marchés.