par Sylvain Laclias, économiste au Crédit Agricole
- Le FMI fait de nouveau recette auprès des émergents. L’Ukraine et la Hongrie sont ses premiers clients.
- La Turquie, en revanche, a encore en bouche le goût de six années de restriction budgétaire. Elle hésite à en reprendre.
Le FMI a entériné le programme d’aide à l’Ukraine d’un montant de 16,5 Mds USD (dont 4,5 Mds USD déboursés immédiatement). En contrepartie, Kiev devra mettre en œuvre diverses mesures. En substance : recapitalisation des banques, politique de change plus flexible, resserrement de la politique monétaire et budgétaire. Ce soutien financier rassure. Mais dire que le pire est évité serait encore prématuré. Le besoin de financement externe de l’Ukraine au cours des douze prochains mois est assez nettement supérieur au niveau actuel des réserves de change, même une fois inclus l’argent du FMI.
Autrement dit, les dirigeants ukrainiens se doivent d’appliquer rigoureusement les conditionnalités du Fonds s’ils veulent obtenir dans les temps les autres paquets du prêt. Or, ni la crise politique actuelle, ni les présidentielles début 2010 ne se prêtent à des mesures sur la base desquelles le FMI prévoit une récession de 3% en 2009.
Le FMI est également venu en aide à la Hongrie. Il a approuvé un plan d'assistance financière de 15,7 Mds USD (dont 6,3 Mds USD déboursés immédiatement) auxquels s’ajouteront 8,4 Mds USD de l'Union européenne et 1,3 Mds USD de la Banque mondiale. L’objectif est double : renforcer la stabilité économique à court terme (notamment en rétablissant la confiance des investisseurs et en apaisant les tensions sur les marchés) et améliorer le potentiel de croissance à long terme. Le problème de la Hongrie réside dans le déséquilibre de ses finances et dans sa forte dépendance (en particulier les bons du Trésor) aux financements externes.
Les rumeurs du début de semaine ont fait long feu. Les autorités turques n’ont pas demandé l’assistance financière du FMI et sont, au contraire, peu disposées à signer un nouvel accord qui contraindrait leur politique budgétaire. Le besoin de financement externe de la Turquie au cours des douze prochains mois est pourtant très élevé : deux fois les réserves de change actuelles.
La faiblesse de la livre va, en outre, peser sur la santé financière des corporates qui se sont largement endettés en devises ces dernières années. L’économie turque risque un ralentissement de sa croissance beaucoup plus fort que prévu.